Entrevues

UNIVERS PARALLÈLES

 

Entrevue avec Kristin Rømer

 

Née en France de parents danois, Kristin Rømer renoue cet automne avec ses origines scandinaves en inaugurant le nouveau Universet af Dukker - un musée essentiellement consacré à ses créations. Plus de 1,750 pièces de collection, toutes réalisées depuis Pulcinella, sa première poupée, confectionnée "sans l'aide de sa mère", alors qu'elle n'avait que cinq ans.

UNIVERS PARALLÈLES

 

 

Dina Lopez - Votre mère vous a initiée très jeune à la confection des poupées. Elles font partie je suppose des premiers souvenirs de votre vie?

 

Kristin Romer - Ma mère a fait sa première poupée pour moi - et j’ai encore le souvenir de mon émerveillement. Ce fut la première de plusieurs générations! Elle ne les faisait pas dans un but commercial, quoiqu’elle aurait pu. Nous n’étions pas riches et j’avais développé déjà une fascination pour des poupées que je voyais en magasin. C’est donc pour moi qu’elle a commencé et j’ai vite appris d’elle comment les confectionner moi aussi.

 

D.L. - Et comment de ce passe-temps en êtes-vous venue à un développement commercial?

 

K.R. - À force d’en faire, maman est devenue connue. Mes cousines, mes amies au lycée, chacune avait sa poupée, d’autres mères ont commencé à lui en commander, et comme nous n’étions que deux à les faire, nous ne pouvions pas rencontrer une demande aussi grande. Je me souviens qu’au début, ma mère disait à ceux qui voulaient lui en acheter de nous donner ce qu’ils voudraient, et c’est comme ça que nous avons commencé à en vivre.

 

D.L. - Avec le recul,  est-ce qu’on peut parler d’une évolution dans la manière de les fabriquer?

 

K.R. - Je pense au contraire que c’est un art qui n’a pas connu de révolution au sens artisanal. Comparativement aux révolutions technologiques. Aujourd’hui les mises en marché et les plates-formes internationales nous garantissent une visibilité - je dois beaucoup au web - mais les matériaux sont demeurés les mêmes. J’ai forcément adapté la fabrication à l’évolution des textiles, aujourd’hui on parle de produits bio, mais les techniques de base et ces matériaux sont demeurés les mêmes: ouate, jersey de coton, laine de boer pour les cheveux, aussi j’ai développé et adapté mon outillage selon des normes qui se sont perfectionnées avec le temps.

 

D.L. - Les physionomies de vos poupées sont fascinantes. Pour avoir essayé sans succès d’imiter votre technique, plusieurs se demandent quel est votre secret?

 

K.R. - Je ne sais pas si j’en ai. Chaque poupée que j’entreprends de créer provient de la même impulsion. Comme ma mère, c’est en la destinant à mes propres enfants que je commence toujours.

Le malheur est qu’on essaie trop d’être universel et ça ne marche pas.

Tout est une question d’univers.

Je prenais un taxi l’autre jour. C’était une femme qui conduisait, une Algérienne. La radio était syntonisée à un poste de musique du Maghreb. Je prends soudainement conscience que je suis non seulement dans sa voiture, mais que je suis avec elle. L’air que je respire est non pas le sien, mais le nôtre. Notre espace, au lieu d’être le sien, nous associe dans ce que je porte de plus beau d’algérien en moi. J’entends les couleurs, je vois les sonorités, je me laisse envahir de tout ce qui semble faire partie d’une moi ancienne qui aurait aimé, rêvé, créé cette ambiance, j’étais Algérienne, heureuse, solaire, et touchée par ces pans de vie qui remontaient à ma conscience.

À un feu rouge, elle me dit tout à coup: «La musique vous dérange peut-être?»

 

D.L. - Dans les disciplines qui s’acquièrent en bas âge, comme la musique ou le dessin, on voit tout de suite l’univers porté par l’élève. C’est d’ailleurs un commentaire courant de la part de l’enseignant: il perçoit l’univers. Mais il arrive aussi qu’il ne trouve rien. Est-ce que chaque être humain porte en lui un univers?

 

K.R. - Ainsi défini comme un paysage intérieur, sans cesse qu’il soit observé ou simplement ressenti, un univers est porté par tout ce qui vit. Par définition, il se trouve hors de la réalité ambiante, bien qu’il tire son origine de cette réalité, en autant qu’elle comporte une nécessité. Je suis une fleur, j’ai besoin d’eau, de lumière. Il se crée alors dans ma compréhension un état de satisfaction organique dissocié du temps objectif où le besoin d’eau et de lumière se fait ressentir. Pour nous les êtres humains, cet état emprunte aux sens les plus immédiats, les plus accessibles. Un univers intérieur est le plus souvent quelque chose de visuel. Ou qui sollicite l’oreille, l’odorat, le goût. Si j’étais une fleur, je pourrais dire dans quelle partie de ma tige, dans quel pétale ou par quelle étamine je transite vers mon autre existence, contenue par mon univers.

 

D.L. - Forcément meilleure?

 

K.R. - Non; ce peut-être une existence incluse dans un univers né de la peur. Je crois que nous venons à la vie avec une conscience extrêmement pointue de tout ce qui nous a habités au préalable, comme en ayant gardé le souvenir de notre confection depuis l’infiniment reculé. Nous provenons d’une histoire elle-même provenant d’une préhistoire. Tout ceci est transporté dans le voyage, et en naissant, d’un strict point de vue biologique et terrestre, la conscience pulvérise ces souvenirs, pour s’adapter à ce qui la menace en premier lieu, la perte du bien-être, l’acquisition du souci.

 

D.L. - Vous utilisez le mot confection. Vos poupées ressentent-elles aussi cela en accédant à leur matérialité?

 

K.R. - Chacune de leur composante, pour reprendre l’exemple de la fleur, porte un univers occasionné par une histoire de mutations. Le bois qui vivait a été scié pour composer une structure, la roche qui méditait au bord d’un cours d’eau a été pulvérisée pour qu’on en obtienne du sable, de la poudre, du colorant. Ainsi des tissus dont je me sers pour créer leurs formes souples, ils proviennent d’un règne, puis d’une transformation. Il y a, dans chaque animal empaillé, des plumes d’oiseaux qui ont vécu, et qui ont peut-être été mangés par l’animal du temps qu’il vivait. Nous sommes les produits de ce que nous avons tué. Alors oui, il y a peut-être une portée de terreur dans l’univers que nous transportons en accédant à la vie.

Coppenhaguen - Universet af Dukker - Tuborg Havnepark 15

2017 okt 12 - 2018 jan 6

 

DH / Marquita

propos recueillis pas

DH / DLopez

UNIVERS PARALLÈLES

 

Entrevue avec Kristin Rømer

 

Née en France de parents danois, Kristin Rømer renoue cet automne avec ses origines scandinaves en inaugurant le nouveau Universet af Dukker - un musée essentiellement consacré à ses créations. Plus de 1,750 pièces de collection, toutes réalisées depuis Pulcinella, sa première poupée, confectionnée "sans l'aide de sa mère", alors qu'elle n'avait que cinq ans.

UNIVERS PARALLÈLES

 

 

Dina Lopez - Votre mère vous a initiée très jeune à la confection des poupées. Elles font partie je suppose des premiers souvenirs de votre vie?

 

Kristin Romer - Ma mère a fait sa première poupée pour moi - et j’ai encore le souvenir de mon émerveillement. Ce fut la première de plusieurs générations! Elle ne les faisait pas dans un but commercial, quoiqu’elle aurait pu. Nous n’étions pas riches et j’avais développé déjà une fascination pour des poupées que je voyais en magasin. C’est donc pour moi qu’elle a commencé et j’ai vite appris d’elle comment les confectionner moi aussi.

 

D.L. - Et comment de ce passe-temps en êtes-vous venue à un développement commercial?

 

K.R. - À force d’en faire, maman est devenue connue. Mes cousines, mes amies au lycée, chacune avait sa poupée, d’autres mères ont commencé à lui en commander, et comme nous n’étions que deux à les faire, nous ne pouvions pas rencontrer une demande aussi grande. Je me souviens qu’au début, ma mère disait à ceux qui voulaient lui en acheter de nous donner ce qu’ils voudraient, et c’est comme ça que nous avons commencé à en vivre.

 

D.L. - Avec le recul,  est-ce qu’on peut parler d’une évolution dans la manière de les fabriquer?

 

K.R. - Je pense au contraire que c’est un art qui n’a pas connu de révolution au sens artisanal. Comparativement aux révolutions technologiques. Aujourd’hui les mises en marché et les plates-formes internationales nous garantissent une visibilité - je dois beaucoup au web - mais les matériaux sont demeurés les mêmes. J’ai forcément adapté la fabrication à l’évolution des textiles, aujourd’hui on parle de produits bio, mais les techniques de base et ces matériaux sont demeurés les mêmes: ouate, jersey de coton, laine de boer pour les cheveux, aussi j’ai développé et adapté mon outillage selon des normes qui se sont perfectionnées avec le temps.

 

D.L. - Les physionomies de vos poupées sont fascinantes. Pour avoir essayé sans succès d’imiter votre technique, plusieurs se demandent quel est votre secret?

 

K.R. - Je ne sais pas si j’en ai. Chaque poupée que j’entreprends de créer provient de la même impulsion. Comme ma mère, c’est en la destinant à mes propres enfants que je commence toujours.

Le malheur est qu’on essaie trop d’être universel et ça ne marche pas.

Tout est une question d’univers.

Je prenais un taxi l’autre jour. C’était une femme qui conduisait, une Algérienne. La radio était syntonisée à un poste de musique du Maghreb. Je prends soudainement conscience que je suis non seulement dans sa voiture, mais que je suis avec elle. L’air que je respire est non pas le sien, mais le nôtre. Notre espace, au lieu d’être le sien, nous associe dans ce que je porte de plus beau d’algérien en moi. J’entends les couleurs, je vois les sonorités, je me laisse envahir de tout ce qui semble faire partie d’une moi ancienne qui aurait aimé, rêvé, créé cette ambiance, j’étais Algérienne, heureuse, solaire, et touchée par ces pans de vie qui remontaient à ma conscience.

À un feu rouge, elle me dit tout à coup: «La musique vous dérange peut-être?»

 

D.L. - Dans les disciplines qui s’acquièrent en bas âge, comme la musique ou le dessin, on voit tout de suite l’univers porté par l’élève. C’est d’ailleurs un commentaire courant de la part de l’enseignant: il perçoit l’univers. Mais il arrive aussi qu’il ne trouve rien. Est-ce que chaque être humain porte en lui un univers?

 

K.R. - Ainsi défini comme un paysage intérieur, sans cesse qu’il soit observé ou simplement ressenti, un univers est porté par tout ce qui vit. Par définition, il se trouve hors de la réalité ambiante, bien qu’il tire son origine de cette réalité, en autant qu’elle comporte une nécessité. Je suis une fleur, j’ai besoin d’eau, de lumière. Il se crée alors dans ma compréhension un état de satisfaction organique dissocié du temps objectif où le besoin d’eau et de lumière se fait ressentir. Pour nous les êtres humains, cet état emprunte aux sens les plus immédiats, les plus accessibles. Un univers intérieur est le plus souvent quelque chose de visuel. Ou qui sollicite l’oreille, l’odorat, le goût. Si j’étais une fleur, je pourrais dire dans quelle partie de ma tige, dans quel pétale ou par quelle étamine je transite vers mon autre existence, contenue par mon univers.

 

D.L. - Forcément meilleure?

 

K.R. - Non; ce peut-être une existence incluse dans un univers né de la peur. Je crois que nous venons à la vie avec une conscience extrêmement pointue de tout ce qui nous a habités au préalable, comme en ayant gardé le souvenir de notre confection depuis l’infiniment reculé. Nous provenons d’une histoire elle-même provenant d’une préhistoire. Tout ceci est transporté dans le voyage, et en naissant, d’un strict point de vue biologique et terrestre, la conscience pulvérise ces souvenirs, pour s’adapter à ce qui la menace en premier lieu, la perte du bien-être, l’acquisition du souci.

 

D.L. - Vous utilisez le mot confection. Vos poupées ressentent-elles aussi cela en accédant à leur matérialité?

 

K.R. - Chacune de leur composante, pour reprendre l’exemple de la fleur, porte un univers occasionné par une histoire de mutations. Le bois qui vivait a été scié pour composer une structure, la roche qui méditait au bord d’un cours d’eau a été pulvérisée pour qu’on en obtienne du sable, de la poudre, du colorant. Ainsi des tissus dont je me sers pour créer leurs formes souples, ils proviennent d’un règne, puis d’une transformation. Il y a, dans chaque animal empaillé, des plumes d’oiseaux qui ont vécu, et qui ont peut-être été mangés par l’animal du temps qu’il vivait. Nous sommes les produits de ce que nous avons tué. Alors oui, il y a peut-être une portée de terreur dans l’univers que nous transportons en accédant à la vie.

Coppenhaguen - Universet af Dukker - Tuborg Havnepark 15

2017 okt 12 - 2018 jan 6

 

DH / Marquita

propos recueillis pas

DH / DLopez

UNIVERS PARALLÈLES

 

Entrevue avec Kristin Rømer

 

Née en France de parents danois, Kristin Rømer renoue cet automne avec ses origines scandinaves en inaugurant le nouveau Universet af Dukker - un musée essentiellement consacré à ses créations. Plus de 1,750 pièces de collection, toutes réalisées depuis Pulcinella, sa première poupée, confectionnée "sans l'aide de sa mère", alors qu'elle n'avait que cinq ans.

UNIVERS PARALLÈLES

 

 

Dina Lopez - Votre mère vous a initiée très jeune à la confection des poupées. Elles font partie je suppose des premiers souvenirs de votre vie?

 

Kristin Romer - Ma mère a fait sa première poupée pour moi - et j’ai encore le souvenir de mon émerveillement. Ce fut la première de plusieurs générations! Elle ne les faisait pas dans un but commercial, quoiqu’elle aurait pu. Nous n’étions pas riches et j’avais développé déjà une fascination pour des poupées que je voyais en magasin. C’est donc pour moi qu’elle a commencé et j’ai vite appris d’elle comment les confectionner moi aussi.

 

D.L. - Et comment de ce passe-temps en êtes-vous venue à un développement commercial?

 

K.R. - À force d’en faire, maman est devenue connue. Mes cousines, mes amies au lycée, chacune avait sa poupée, d’autres mères ont commencé à lui en commander, et comme nous n’étions que deux à les faire, nous ne pouvions pas rencontrer une demande aussi grande. Je me souviens qu’au début, ma mère disait à ceux qui voulaient lui en acheter de nous donner ce qu’ils voudraient, et c’est comme ça que nous avons commencé à en vivre.

 

D.L. - Avec le recul,  est-ce qu’on peut parler d’une évolution dans la manière de les fabriquer?

 

K.R. - Je pense au contraire que c’est un art qui n’a pas connu de révolution au sens artisanal. Comparativement aux révolutions technologiques. Aujourd’hui les mises en marché et les plates-formes internationales nous garantissent une visibilité - je dois beaucoup au web - mais les matériaux sont demeurés les mêmes. J’ai forcément adapté la fabrication à l’évolution des textiles, aujourd’hui on parle de produits bio, mais les techniques de base et ces matériaux sont demeurés les mêmes: ouate, jersey de coton, laine de boer pour les cheveux, aussi j’ai développé et adapté mon outillage selon des normes qui se sont perfectionnées avec le temps.

 

D.L. - Les physionomies de vos poupées sont fascinantes. Pour avoir essayé sans succès d’imiter votre technique, plusieurs se demandent quel est votre secret?

 

K.R. - Je ne sais pas si j’en ai. Chaque poupée que j’entreprends de créer provient de la même impulsion. Comme ma mère, c’est en la destinant à mes propres enfants que je commence toujours.

Le malheur est qu’on essaie trop d’être universel et ça ne marche pas.

Tout est une question d’univers.

Je prenais un taxi l’autre jour. C’était une femme qui conduisait, une Algérienne. La radio était syntonisée à un poste de musique du Maghreb. Je prends soudainement conscience que je suis non seulement dans sa voiture, mais que je suis avec elle. L’air que je respire est non pas le sien, mais le nôtre. Notre espace, au lieu d’être le sien, nous associe dans ce que je porte de plus beau d’algérien en moi. J’entends les couleurs, je vois les sonorités, je me laisse envahir de tout ce qui semble faire partie d’une moi ancienne qui aurait aimé, rêvé, créé cette ambiance, j’étais Algérienne, heureuse, solaire, et touchée par ces pans de vie qui remontaient à ma conscience.

À un feu rouge, elle me dit tout à coup: «La musique vous dérange peut-être?»

 

D.L. - Dans les disciplines qui s’acquièrent en bas âge, comme la musique ou le dessin, on voit tout de suite l’univers porté par l’élève. C’est d’ailleurs un commentaire courant de la part de l’enseignant: il perçoit l’univers. Mais il arrive aussi qu’il ne trouve rien. Est-ce que chaque être humain porte en lui un univers?

 

K.R. - Ainsi défini comme un paysage intérieur, sans cesse qu’il soit observé ou simplement ressenti, un univers est porté par tout ce qui vit. Par définition, il se trouve hors de la réalité ambiante, bien qu’il tire son origine de cette réalité, en autant qu’elle comporte une nécessité. Je suis une fleur, j’ai besoin d’eau, de lumière. Il se crée alors dans ma compréhension un état de satisfaction organique dissocié du temps objectif où le besoin d’eau et de lumière se fait ressentir. Pour nous les êtres humains, cet état emprunte aux sens les plus immédiats, les plus accessibles. Un univers intérieur est le plus souvent quelque chose de visuel. Ou qui sollicite l’oreille, l’odorat, le goût. Si j’étais une fleur, je pourrais dire dans quelle partie de ma tige, dans quel pétale ou par quelle étamine je transite vers mon autre existence, contenue par mon univers.

 

D.L. - Forcément meilleure?

 

K.R. - Non; ce peut-être une existence incluse dans un univers né de la peur. Je crois que nous venons à la vie avec une conscience extrêmement pointue de tout ce qui nous a habités au préalable, comme en ayant gardé le souvenir de notre confection depuis l’infiniment reculé. Nous provenons d’une histoire elle-même provenant d’une préhistoire. Tout ceci est transporté dans le voyage, et en naissant, d’un strict point de vue biologique et terrestre, la conscience pulvérise ces souvenirs, pour s’adapter à ce qui la menace en premier lieu, la perte du bien-être, l’acquisition du souci.

 

D.L. - Vous utilisez le mot confection. Vos poupées ressentent-elles aussi cela en accédant à leur matérialité?

 

K.R. - Chacune de leur composante, pour reprendre l’exemple de la fleur, porte un univers occasionné par une histoire de mutations. Le bois qui vivait a été scié pour composer une structure, la roche qui méditait au bord d’un cours d’eau a été pulvérisée pour qu’on en obtienne du sable, de la poudre, du colorant. Ainsi des tissus dont je me sers pour créer leurs formes souples, ils proviennent d’un règne, puis d’une transformation. Il y a, dans chaque animal empaillé, des plumes d’oiseaux qui ont vécu, et qui ont peut-être été mangés par l’animal du temps qu’il vivait. Nous sommes les produits de ce que nous avons tué. Alors oui, il y a peut-être une portée de terreur dans l’univers que nous transportons en accédant à la vie.

Coppenhaguen - Universet af Dukker - Tuborg Havnepark 15

2017 okt 12 - 2018 jan 6

 

DH / Marquita

propos recueillis pas

DH / DLopez