Topic7190-014-17005-06

© Photo Marc Parenteau Ateliers 2017

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:29:52

«J’aurai bientôt cent ans et je vous livre ici la liste approximative des titres que je n’aurai pas lus." C'est de moi.  Suite logique d'hier. Si nous admettons un lecteur suprême, de qui, dans l’absolu, sommes-nous les lecteurs ?

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:35:45

 Beau thread.  Sans doute parce que, très tôt dans nos échanges, nous avons décelé la même culpabilité qui nous rend lourds. L’excuse selon laquelle il est impossible en 2017 d’avoir tout lu sur la planète ne nous console pas de notre paresse d’inventeur. Après avoir identifié chez presque tout le monde le syndrome de Proust (j’emprunte ici le mot de WillShakespeare ici présent) c’est-à-dire le Proust dont nous faisons semblant de tout connaître sans l’avoir jamais lu en entier, force est d'admettre que nous avions tous une dette envers des auteurs qui nous ont nourri d’abondance malgré des fréquentations poussives, biaisées par la rumeur, la mode (Christian Bobin, Kundera, Duras des années 80), l’impression subjective laissée par la critique (on aime à détester le Code Da Vinci  à l’avance) – mais de nos lectures, qu’en est-il ?

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:41:32

Nous sommes toujours en quête de titres pour nos oeuvres, alors que, comme des pauvres, nous les affublons bien trop souvent de « titres provisoires ». La liste des titres que je n'ai pas lus est forcément une liste de titres que j'aime, pour la beauté du titre, par exemple il est vrai  que certaines oeuvres ont des titres envoûtants, et qui nous marquent : ex: "Des hommes sans femme", que je n'ai pas lu encore (ni Murakami ni Hemingway) mais je me propose de le faire.

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:44:28

Merci Julien pour la citation, pour ma part j’avance une théorie selon laquelle un artiste est en perpétuel état de création, quoi qu’il fasse. Donc quand je lis je suis en terrain fertile, il m'arrive aussi de recopier des passages des livres que je suis en train de lire pour me les approprier, une fois sur deux je cesse de copier et je continue d'écrire comme si c'était Pinter, ou Tchekhov, qui écrivait à ma place, et ensuite je compare, c'est toujours très  initiatique comme feeling. Moins évident pour les titres, mais comme Fianna le remarque certains auteurs prennent des titres qui ont déjà été conçus par d'autres en guise de clin d'oeil et ça donne souvent des oeuvres très intéressantes.

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:48:13

Il m'arrive d'inventer un titre et de le rêver longtemps. Mais plus le temps passe moins l'inspiration vient, le titre, inventé par moi, est comme un texte déjà existant hors de moi, et il est tellement parfait que je n'arrive plus à l'écrire. J'ai donc à mon actif un titre, mais sans texte, il me donne autant de fascination qu'un roman comme "Le Quatuor d'Alexandrie" de Durrell que je rêve de lire un jour mais qui me décourage toujours dès que je l'aborde (trop long). Mon titre à moi: "Ode à la prêtresse"... mais je voudrais que ce soit un très long roman ce que je me sens incapable de faire. Tous les premiers jets que j'ai faits en direction de ce titre sont ratés, en plus cela me convie à un style très incantatoire, il en résulte une confusion qui risque d'éloigner mes lecteurs (soupirrr).

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:55:04

Je me souviens avoir longtemps rêvé mes lectures de Racine et de Beckett. Sur le coup, j'ai été déçu. J'avais trop anticipé. Mais à la longue, ces textes sont devenus des phares. Surtout Racine. Aujourd'hui, je combats beaucoup de tics d'écriture en me rapprochant d'eux. Exemple les didascalies. Il y a une propension à vouloir décrire des effets subjectifs dans les didascalies, mais la plupart des textes restent imprécis sur les questions des enjeux, du lieu où ça se passe, sur la réalité tangible des personnages. Je me sers de deux exemples apparemment zonés sur des pôles opposés : Bérénice chez Racine,  et Winnie chez Beckett. Deux sommets issus de réalités physiques plus petites que la place immense qu’elles ont pris dans notre imaginaire. Tout est désir chez l’une et chez l’autre, mais pour que des actrices puisse les incarner, combien il a fallu de précision chez leurs auteurs.

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 22:00:22

Pourquoi écrivons-nous de manière si confuse pour les autres ? En effet, les textes de notre atelier, ont tous, malgré leurs qualités indéniables, suscité des questions de premier degré.

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 22:09:37

Et si la clarté, au détriment apparent de l’élégance ou du style, était en fait un pas vers l’autre, une sorte de générosité nécessaire? Un des problèmes en tout cas que nous rencontrons tous, ce sont nos réticences à en dire à la fois trop et pas assez quand on soumet nos textes aux participants de cet atelier.

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«J’aurai bientôt cent ans et je vous livre ici la liste approximative des titres que je n’aurai pas lus." C'est de moi.  Suite logique d'hier. Si nous admettons un lecteur suprême, de qui, dans l’absolu, sommes-nous les lecteurs ?

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:35:45

Beau thread.  Sans doute parce que, très tôt dans nos échanges, nous avons décelé la même culpabilité qui nous rend lourds. L’excuse selon laquelle il est impossible en 2017 d’avoir tout lu sur la planète ne nous console pas de notre paresse d’inventeur. Après avoir identifié chez presque tout le monde le syndrome de Proust (j’emprunte ici le mot de WillShakespeare ici présent) c’est-à-dire le Proust dont nous faisons semblant de tout connaître sans l’avoir jamais lu en entier, force est d'admettre que nous avions tous une dette envers des auteurs qui nous ont nourri d’abondance malgré des fréquentations poussives, biaisées par la rumeur, la mode (Christian Bobin, Kundera, Duras des années 80), l’impression subjective laissée par la critique (on aime à détester le Code Da Vinci  à l’avance) – mais de nos lectures, qu’en est-il ?

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:41:32

Nous sommes toujours en quête de titres pour nos oeuvres, alors que, comme des pauvres, nous les affublons bien trop souvent de « titres provisoires ». La liste des titres que je n'ai pas lus est forcément une liste de titres que j'aime, pour la beauté du titre, par exemple il est vrai  que certaines oeuvres ont des titres envoûtants, et qui nous marquent : ex: "Des hommes sans femme", que je n'ai pas lu encore (ni Murakami ni Hemingway) mais je me propose de le faire.

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:44:28

Merci Julien pour la citation, pour ma part j’avance une théorie selon laquelle un artiste est en perpétuel état de création, quoi qu’il fasse. Donc quand je lis je suis en terrain fertile, il m'arrive aussi de recopier des passages des livres que je suis en train de lire pour me les approprier, une fois sur deux je cesse de copier et je continue d'écrire comme si c'était Pinter, ou Tchekhov, qui écrivait à ma place, et ensuite je compare, c'est toujours très  initiatique comme feeling. Moins évident pour les titres, mais comme Fianna le remarque certains auteurs prennent des titres qui ont déjà été conçus par d'autres en guise de clin d'oeil et ça donne souvent des oeuvres très intéressantes.

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 21:48:13

Il m'arrive d'inventer un titre et de le rêver longtemps. Mais plus le temps passe moins l'inspiration vient, le titre, inventé par moi, est comme un texte déjà existant hors de moi, et il est tellement parfait que je n'arrive plus à l'écrire. J'ai donc à mon actif un titre, mais sans texte, il me donne autant de fascination qu'un roman comme "Le Quatuor d'Alexandrie" de Durrell que je rêve de lire un jour mais qui me décourage toujours dès que je l'aborde (trop long). Mon titre à moi: "Ode à la prêtresse"... mais je voudrais que ce soit un très long roman ce que je me sens incapable de faire. Tous les premiers jets que j'ai faits en direction de ce titre sont ratés, en plus cela me convie à un style très incantatoire, il en résulte une confusion qui risque d'éloigner mes lecteurs (soupirrr).

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Je me souviens avoir longtemps rêvé mes lectures de Racine et de Beckett. Sur le coup, j'ai été déçu. J'avais trop anticipé. Mais à la longue, ces textes sont devenus des phares. Surtout Racine. Aujourd'hui, je combats beaucoup de tics d'écriture en me rapprochant d'eux. Exemple les didascalies. Il y a une propension à vouloir décrire des effets subjectifs dans les didascalies, mais la plupart des textes restent imprécis sur les questions des enjeux, du lieu où ça se passe, sur la réalité tangible des personnages. Je me sers de deux exemples apparemment zonés sur des pôles opposés : Bérénice chez Racine,  et Winnie chez Beckett. Deux sommets issus de réalités physiques plus petites que la place immense qu’elles ont pris dans notre imaginaire. Tout est désir chez l’une et chez l’autre, mais pour que des actrices puisse les incarner, combien il a fallu de précision chez leurs auteurs.

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Pourquoi écrivons-nous de manière si confuse pour les autres ? En effet, les textes de notre atelier, ont tous, malgré leurs qualités indéniables, suscité des questions de premier degré.

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Et si la clarté, au détriment apparent de l’élégance ou du style, était en fait un pas vers l’autre, une sorte de générosité nécessaire? Un des problèmes en tout cas que nous rencontrons tous, ce sont nos réticences à en dire à la fois trop et pas assez quand on soumet nos textes aux participants de cet atelier.

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«J’aurai bientôt cent ans et je vous livre ici la liste approximative des titres que je n’aurai pas lus." C'est de moi.  Suite logique d'hier. Si nous admettons un lecteur suprême, de qui, dans l’absolu, sommes-nous les lecteurs ?

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Beau thread.  Sans doute parce que, très tôt dans nos échanges, nous avons décelé la même culpabilité qui nous rend lourds. L’excuse selon laquelle il est impossible en 2017 d’avoir tout lu sur la planète ne nous console pas de notre paresse d’inventeur. Après avoir identifié chez presque tout le monde le syndrome de Proust (j’emprunte ici le mot de WillShakespeare ici présent) c’est-à-dire le Proust dont nous faisons semblant de tout connaître sans l’avoir jamais lu en entier, force est d'admettre que nous avions tous une dette envers des auteurs qui nous ont nourri d’abondance malgré des fréquentations poussives, biaisées par la rumeur, la mode (Christian Bobin, Kundera, Duras des années 80), l’impression subjective laissée par la critique (on aime à détester le Code Da Vinci  à l’avance) – mais de nos lectures, qu’en est-il ?

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Nous sommes toujours en quête de titres pour nos oeuvres, alors que, comme des pauvres, nous les affublons bien trop souvent de « titres provisoires ». La liste des titres que je n'ai pas lus est forcément une liste de titres que j'aime, pour la beauté du titre, par exemple il est vrai  que certaines oeuvres ont des titres envoûtants, et qui nous marquent : ex: "Des hommes sans femme", que je n'ai pas lu encore (ni Murakami ni Hemingway) mais je me propose de le faire.

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Merci Julien pour la citation, pour ma part j’avance une théorie selon laquelle un artiste est en perpétuel état de création, quoi qu’il fasse. Donc quand je lis je suis en terrain fertile, il m'arrive aussi de recopier des passages des livres que je suis en train de lire pour me les approprier, une fois sur deux je cesse de copier et je continue d'écrire comme si c'était Pinter, ou Tchekhov, qui écrivait à ma place, et ensuite je compare, c'est toujours très  initiatique comme feeling. Moins évident pour les titres, mais comme Fianna le remarque certains auteurs prennent des titres qui ont déjà été conçus par d'autres en guise de clin d'oeil et ça donne souvent des oeuvres très intéressantes.

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Il m'arrive d'inventer un titre et de le rêver longtemps. Mais plus le temps passe moins l'inspiration vient, le titre, inventé par moi, est comme un texte déjà existant hors de moi, et il est tellement parfait que je n'arrive plus à l'écrire. J'ai donc à mon actif un titre, mais sans texte, il me donne autant de fascination qu'un roman comme "Le Quatuor d'Alexandrie" de Durrell que je rêve de lire un jour mais qui me décourage toujours dès que je l'aborde (trop long). Mon titre à moi: "Ode à la prêtresse"... mais je voudrais que ce soit un très long roman ce que je me sens incapable de faire. Tous les premiers jets que j'ai faits en direction de ce titre sont ratés, en plus cela me convie à un style très incantatoire, il en résulte une confusion qui risque d'éloigner mes lecteurs (soupirrr).

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Je me souviens avoir longtemps rêvé mes lectures de Racine et de Beckett. Sur le coup, j'ai été déçu. J'avais trop anticipé. Mais à la longue, ces textes sont devenus des phares. Surtout Racine. Aujourd'hui, je combats beaucoup de tics d'écriture en me rapprochant d'eux. Exemple les didascalies. Il y a une propension à vouloir décrire des effets subjectifs dans les didascalies, mais la plupart des textes restent imprécis sur les questions des enjeux, du lieu où ça se passe, sur la réalité tangible des personnages. Je me sers de deux exemples apparemment zonés sur des pôles opposés : Bérénice chez Racine,  et Winnie chez Beckett. Deux sommets issus de réalités physiques plus petites que la place immense qu’elles ont pris dans notre imaginaire. Tout est désir chez l’une et chez l’autre, mais pour que des actrices puisse les incarner, combien il a fallu de précision chez leurs auteurs.

 

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 22:00:22

Pourquoi écrivons-nous de manière si confuse pour les autres ? En effet, les textes de notre atelier, ont tous, malgré leurs qualités indéniables, suscité des questions de premier degré.

1Re://171902[FanJulJunWilFia/Titre] post 17-05-06 - 22:09:37

Et si la clarté, au détriment apparent de l’élégance ou du style, était en fait un pas vers l’autre, une sorte de générosité nécessaire? Un des problèmes en tout cas que nous rencontrons tous, ce sont nos réticences à en dire à la fois trop et pas assez quand on soumet nos textes aux participants de cet atelier.