Topic 7190118

DH//118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 13:38:27

 

© photo DH - Zach Ménard collection

Montage Digital

 

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La Société de transport de Montréal, autobus et métro, refusent d’afficher la nouvelle pub des Grands Ballets. L’image de cette pub montre une femme élancée à la chevelure d’ébène très lisse descendant jusqu’à ses talons, se confondant avec des coulées de sang aussi noir qui descendent de ses cuisses jusqu’à son pied droit. Un clou est enfoncé dans ce pied. Voir ici l'image. Ce à quoi, incidemment, s’attaque la censure.

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 16:47:32

Comme si ce n’était pas assez parlant. Cachez ce pied. En fait cachez la partie inférieure de l’image. Regardez la femme de la tête jusqu’à son genou. Est-ce que ce n’est pas déjà assez violent comme ça?

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 16:49:51

Pour moi ce qui ajoute à l’offense artistique, c’est que l’expression de son visage ne va pas avec le reste. On dirait une actrice, sans préoccupation autre que la mise en place qu’on lui demande. On dirait qu’elle observe avec un quasi détachement quelque chose au plancher, qui n’est pas vraiment le clou, en fait elle regarde zéro par terre, mais l’effet recherché de la douleur, car il s’agit en fait d’accompagner visuellement le Stabat Mater de Pergolesi, tombe à plat.

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 16:53:57

Malgré le sang foncé très luisant qui se démarque du vêtement blanc, et peut-être en raison de ce contraste, l’image offre dans son ensemble un produit esthétiquement hyper léché. Je suis d’accord pour le zéro préoccupation qui se lit dans les yeux de la femme - au lieu d'actrice, je parlerais plutôt d’un mannequin. Mais là-dessus je m’excuse auprès de la danseuse si c’est bien elle. Je crois que les danseurs sont honnêtes et font un art très difficile. Les manipuler de la sorte pour orchestrer un scandale, ça surtout c’est un grave manque de respect. Ils s’expriment par la danse, ils n’ont pas choisi la publicité comme métier. Il n’y a aucun ressenti dans cette douleur qui se voudrait universelle d’après Ivan Cavallari le directeur artistique des Grands Ballets. Douleur universelle? Voilà tout un archétype en effet: le bleu anthracite uniforme qui compose l’environnement désertique où cette femme a surgi de nulle part est celui d’une carrosserie de Toyota Lexus. Nous sommes en présence d’une image chic et très à la mode, puisqu’en se situant à la remorque d’une esthétique publicitaire stagnante, elle en accentue la saturation, le vieux songé, le moderne au sens populaire et désuet du terme. Est-ce que l’art est une affaire aussi facile?

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 16:59:40

Ils avaient l’image parfaite, sans le clou, pour horrifier les organismes publics. Le choix du modèle de race noire est déjà un appel à la réaction publique très portée, surtout par les temps qui courent, vers une lecture critique et appliquée. Nous n’avons plus besoin de phares comme dans les années 70 pour dénoncer le racisme et le sexisme soi-disant inconscient d’une image. Plus de gens qu’on pense ont appris à lire une image pour y décrypter ce qui est écrit en dessous. De la violence, et donc une utilisation de celle-ci sur les plus vulnérables: les déséquilibrés et les enfants. Sous cette image encore, a-t-on lu l’objectif lucratif du scandale planifié? Et au cas où la violence voulue de l’image ne rejoignait pas assez l’alibi de la douleur de la mère du crucifié, oui, bien sûr, il a fallu renfoncer le clou.

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 17:14:18

Qu’est-ce que notre société cherche à montrer de son rince-bouche antiseptique, et partant, de son hypocrisie en portant cette image sur la sellette? En tout cas la particularité, s’il faut à tout prix en trouver une, est de détourner le projet de ses apparences, (et volontairement). L’image habrillait beaucoup de dollars sous des couvertures d’hiver en plein été: en ne disant que des lieux-dits d’incitation à la violence. On se sacre de ce qu’elle montre, et peu importe donc son ineptie, cette femme en regardant zéro sur le plancher, au fond elle dit: ce que je pense n’a pas d’importance, anyway je n’éprouve rien, je veux juste être censurée ceci est mon but. Au nom des Grands Ballets. Pourvu qu’on l’interdise. Pourvu qu’on en parle. Pourvu que la société s’en préoccupe en invoquant les enfants qui seront sur le trottoir quand l’autobus passera devant leur école. C’est très calculateur de la part de l’administration des Grands Ballets, et ça marche!

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 17:17:21

Nouveauté? Originalité médiatique? Pffft! Le  débat est d’un vieillesse désabusée. Le MBA ayant fait une exposition montrant des cadavres comme au Menschen Museum de Berlin, le grand humaniste Jean-Luc Mongrain disjonctait à TVA. Son vox populi intitulé «Est-ce de l’art?» avait grandement servi les œuvres exposées. Tout en ayant donné à monsieur et madame Tout-le-monde ce sentiment envoûtant de se prononcer sur la vérité de l’Art.

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 17:19:02

Il y a un peu plus grave à mon avis qu’un détournement frauduleux d’une image pour que l’argent rentre plus facilement dans les coffres des Grands Ballets. Avez-vous lu la réaction de son directeur devant la réussite immédiate du canular? Un illettré n’aurait pas réagi avec autant de candeur, et un ministre avec autant de malhonnêteté. Ce Cavallari est un homme à la tête d’une grande institution culturelle qui prétend du même coup ne pas savoir lire et compter. Il n’avait pas vu la violence dans cette image!!! Personne dans son entourage non plus. Que d’âmes pures…

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 17:28:27

Le pauvre et honnête homme, comme dans le Tartufe de Molière. N’y voyez que de l’art, et il persévère dans la Presse et au Devoir: l’image est signifiante. Elle est pour lui pluri sémantique. Elle va chercher. Loin, creux, dans les abîmes. Pas des entrées, pas des dollars. Il est bien au-dessus de ça. Elle va chercher de la douleur au sens universel et archétypal.

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 17:34;56

Il y a plus grave encore. De faire cautionner l’art porteur de polémique par une œuvre musicale qui fascine depuis presque trois siècles tous les musiciens et mélomanes. On le range à l’égal de Mozart, sa pureté cristalline a donné naissance à une littérature pour y cerner avec des mots l’émotion qui s’en dégage de tout temps.

Quand à l’autre œuvre mise au programme, la Septième de Beethoven, c’est un sommet reconnu de la joie. Incluant la nostalgie apaisante de son allegretto, encore là des pages de littérature pour en dire la jubilation. Wagner a dit en parlant de cette structure flamboyante: l’Apothéose de la danse! Écoutez cette symphonie une fois, ou passez votre vie à l’écouter chaque jour, il n’y aura qu’un financier pour vous en décortiquer l’adéquation avec une image sanguinolente et huppée comme le moteur de la Lexus. La seule naïveté qui je puisse concéder à cet homme, c’est de croire, par nécessité peut-être mais qu’importe, que la société dans son ensemble est un grand troupeau d’ignares.

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La Société de transport de Montréal, autobus et métro, refusent d’afficher la nouvelle pub des Grands Ballets. L’image de cette pub montre une femme élancée à la chevelure d’ébène très lisse descendant jusqu’à ses talons, se confondant avec des coulées de sang aussi noir qui descendent de ses cuisses jusqu’à son pied droit. Un clou est enfoncé dans ce pied. Voir ici l'image. Ce à quoi, incidemment, s’attaque la censure.

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 16:47:32

Comme si ce n’était pas assez parlant. Cachez ce pied. En fait cachez la partie inférieure de l’image. Regardez la femme de la tête jusqu’à son genou. Est-ce que ce n’est pas déjà assez violent comme ça?

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Pour moi ce qui ajoute à l’offense artistique, c’est que l’expression de son visage ne va pas avec le reste. On dirait une actrice, sans préoccupation autre que la mise en place qu’on lui demande. On dirait qu’elle observe avec un quasi détachement quelque chose au plancher, qui n’est pas vraiment le clou, en fait elle regarde zéro par terre, mais l’effet recherché de la douleur, car il s’agit en fait d’accompagner visuellement le Stabat Mater de Pergolesi, tombe à plat.

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Malgré le sang foncé très luisant qui se démarque du vêtement blanc, et peut-être en raison de ce contraste, l’image offre dans son ensemble un produit esthétiquement hyper léché. Je suis d’accord pour le zéro préoccupation qui se lit dans les yeux de la femme - au lieu d'actrice, je parlerais plutôt d’un mannequin. Mais là-dessus je m’excuse auprès de la danseuse si c’est bien elle. Je crois que les danseurs sont honnêtes et font un art très difficile. Les manipuler de la sorte pour orchestrer un scandale, ça surtout c’est un grave manque de respect. Ils s’expriment par la danse, ils n’ont pas choisi la publicité comme métier. Il n’y a aucun ressenti dans cette douleur qui se voudrait universelle d’après Ivan Cavallari le directeur artistique des Grands Ballets. Douleur universelle? Voilà tout un archétype en effet: le bleu anthracite uniforme qui compose l’environnement désertique où cette femme a surgi de nulle part est celui d’une carrosserie de Toyota Lexus. Nous sommes en présence d’une image chic et très à la mode, puisqu’en se situant à la remorque d’une esthétique publicitaire stagnante, elle en accentue la saturation, le vieux songé, le moderne au sens populaire et désuet du terme. Est-ce que l’art est une affaire aussi facile?

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Ils avaient l’image parfaite, sans le clou, pour horrifier les organismes publics. Le choix du modèle de race noire est déjà un appel à la réaction publique très portée, surtout par les temps qui courent, vers une lecture critique et appliquée. Nous n’avons plus besoin de phares comme dans les années 70 pour dénoncer le racisme et le sexisme soi-disant inconscient d’une image. Plus de gens qu’on pense ont appris à lire une image pour y décrypter ce qui est écrit en dessous. De la violence, et donc une utilisation de celle-ci sur les plus vulnérables: les déséquilibrés et les enfants. Sous cette image encore, a-t-on lu l’objectif lucratif du scandale planifié? Et au cas où la violence voulue de l’image ne rejoignait pas assez l’alibi de la douleur de la mère du crucifié, oui, bien sûr, il a fallu renfoncer le clou.

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Qu’est-ce que notre société cherche à montrer de son rince-bouche antiseptique, et partant, de son hypocrisie en portant cette image sur la sellette? En tout cas la particularité, s’il faut à tout prix en trouver une, est de détourner le projet de ses apparences, (et volontairement). L’image habrillait beaucoup de dollars sous des couvertures d’hiver en plein été: en ne disant que des lieux-dits d’incitation à la violence. On se sacre de ce qu’elle montre, et peu importe donc son ineptie, cette femme en regardant zéro sur le plancher, au fond elle dit: ce que je pense n’a pas d’importance, anyway je n’éprouve rien, je veux juste être censurée ceci est mon but. Au nom des Grands Ballets. Pourvu qu’on l’interdise. Pourvu qu’on en parle. Pourvu que la société s’en préoccupe en invoquant les enfants qui seront sur le trottoir quand l’autobus passera devant leur école. C’est très calculateur de la part de l’administration des Grands Ballets, et ça marche!

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 17:17:21

Nouveauté? Originalité médiatique? Pffft! Le  débat est d’un vieillesse désabusée. Le MBA ayant fait une exposition montrant des cadavres comme au Menschen Museum de Berlin, le grand humaniste Jean-Luc Mongrain disjonctait à TVA. Son vox populi intitulé «Est-ce de l’art?» avait grandement servi les œuvres exposées. Tout en ayant donné à monsieur et madame Tout-le-monde ce sentiment envoûtant de se prononcer sur la vérité de l’Art.

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Il y a un peu plus grave à mon avis qu’un détournement frauduleux d’une image pour que l’argent rentre plus facilement dans les coffres des Grands Ballets. Avez-vous lu la réaction de son directeur devant la réussite immédiate du canular? Un illettré n’aurait pas réagi avec autant de candeur, et un ministre avec autant de malhonnêteté. Ce Cavallari est un homme à la tête d’une grande institution culturelle qui prétend du même coup ne pas savoir lire et compter. Il n’avait pas vu la violence dans cette image!!! Personne dans son entourage non plus. Que d’âmes pures…

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 17:28:27

Le pauvre et honnête homme, comme dans le Tartufe de Molière. N’y voyez que de l’art, et il persévère dans la Presse et au Devoir: l’image est signifiante. Elle est pour lui pluri sémantique. Elle va chercher. Loin, creux, dans les abîmes. Pas des entrées, pas des dollars. Il est bien au-dessus de ça. Elle va chercher de la douleur au sens universel et archétypal.

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Il y a plus grave encore. De faire cautionner l’art porteur de polémique par une œuvre musicale qui fascine depuis presque trois siècles tous les musiciens et mélomanes. On le range à l’égal de Mozart, sa pureté cristalline a donné naissance à une littérature pour y cerner avec des mots l’émotion qui s’en dégage de tout temps.

Quand à l’autre œuvre mise au programme, la Septième de Beethoven, c’est un sommet reconnu de la joie. Incluant la nostalgie apaisante de son allegretto, encore là des pages de littérature pour en dire la jubilation. Wagner a dit en parlant de cette structure flamboyante: l’Apothéose de la danse! Écoutez cette symphonie une fois, ou passez votre vie à l’écouter chaque jour, il n’y aura qu’un financier pour vous en décortiquer l’adéquation avec une image sanguinolente et huppée comme le moteur de la Lexus. La seule naïveté qui je puisse concéder à cet homme, c’est de croire, par nécessité peut-être mais qu’importe, que la société dans son ensemble est un grand troupeau d’ignares.

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La Société de transport de Montréal, autobus et métro, refusent d’afficher la nouvelle pub des Grands Ballets. L’image de cette pub montre une femme élancée à la chevelure d’ébène très lisse descendant jusqu’à ses talons, se confondant avec des coulées de sang aussi noir qui descendent de ses cuisses jusqu’à son pied droit. Un clou est enfoncé dans ce pied. Voir ici l'image. Ce à quoi, incidemment, s’attaque la censure.

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 16:47:32

Comme si ce n’était pas assez parlant. Cachez ce pied. En fait cachez la partie inférieure de l’image. Regardez la femme de la tête jusqu’à son genou. Est-ce que ce n’est pas déjà assez violent comme ça?

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 16:49:51

Pour moi ce qui ajoute à l’offense artistique, c’est que l’expression de son visage ne va pas avec le reste. On dirait une actrice, sans préoccupation autre que la mise en place qu’on lui demande. On dirait qu’elle observe avec un quasi détachement quelque chose au plancher, qui n’est pas vraiment le clou, en fait elle regarde zéro par terre, mais l’effet recherché de la douleur, car il s’agit en fait d’accompagner visuellement le Stabat Mater de Pergolesi, tombe à plat.

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Malgré le sang foncé très luisant qui se démarque du vêtement blanc, et peut-être en raison de ce contraste, l’image offre dans son ensemble un produit esthétiquement hyper léché. Je suis d’accord pour le zéro préoccupation qui se lit dans les yeux de la femme - au lieu d'actrice, je parlerais plutôt d’un mannequin. Mais là-dessus je m’excuse auprès de la danseuse si c’est bien elle. Je crois que les danseurs sont honnêtes et font un art très difficile. Les manipuler de la sorte pour orchestrer un scandale, ça surtout c’est un grave manque de respect. Ils s’expriment par la danse, ils n’ont pas choisi la publicité comme métier. Il n’y a aucun ressenti dans cette douleur qui se voudrait universelle d’après Ivan Cavallari le directeur artistique des Grands Ballets. Douleur universelle? Voilà tout un archétype en effet: le bleu anthracite uniforme qui compose l’environnement désertique où cette femme a surgi de nulle part est celui d’une carrosserie de Toyota Lexus. Nous sommes en présence d’une image chic et très à la mode, puisqu’en se situant à la remorque d’une esthétique publicitaire stagnante, elle en accentue la saturation, le vieux songé, le moderne au sens populaire et désuet du terme. Est-ce que l’art est une affaire aussi facile?

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Ils avaient l’image parfaite, sans le clou, pour horrifier les organismes publics. Le choix du modèle de race noire est déjà un appel à la réaction publique très portée, surtout par les temps qui courent, vers une lecture critique et appliquée. Nous n’avons plus besoin de phares comme dans les années 70 pour dénoncer le racisme et le sexisme soi-disant inconscient d’une image. Plus de gens qu’on pense ont appris à lire une image pour y décrypter ce qui est écrit en dessous. De la violence, et donc une utilisation de celle-ci sur les plus vulnérables: les déséquilibrés et les enfants. Sous cette image encore, a-t-on lu l’objectif lucratif du scandale planifié? Et au cas où la violence voulue de l’image ne rejoignait pas assez l’alibi de la douleur de la mère du crucifié, oui, bien sûr, il a fallu renfoncer le clou.

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Qu’est-ce que notre société cherche à montrer de son rince-bouche antiseptique, et partant, de son hypocrisie en portant cette image sur la sellette? En tout cas la particularité, s’il faut à tout prix en trouver une, est de détourner le projet de ses apparences, (et volontairement). L’image habrillait beaucoup de dollars sous des couvertures d’hiver en plein été: en ne disant que des lieux-dits d’incitation à la violence. On se sacre de ce qu’elle montre, et peu importe donc son ineptie, cette femme en regardant zéro sur le plancher, au fond elle dit: ce que je pense n’a pas d’importance, anyway je n’éprouve rien, je veux juste être censurée ceci est mon but. Au nom des Grands Ballets. Pourvu qu’on l’interdise. Pourvu qu’on en parle. Pourvu que la société s’en préoccupe en invoquant les enfants qui seront sur le trottoir quand l’autobus passera devant leur école. C’est très calculateur de la part de l’administration des Grands Ballets, et ça marche!

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Nouveauté? Originalité médiatique? Pffft! Le  débat est d’un vieillesse désabusée. Le MBA ayant fait une exposition montrant des cadavres comme au Menschen Museum de Berlin, le grand humaniste Jean-Luc Mongrain disjonctait à TVA. Son vox populi intitulé «Est-ce de l’art?» avait grandement servi les œuvres exposées. Tout en ayant donné à monsieur et madame Tout-le-monde ce sentiment envoûtant de se prononcer sur la vérité de l’Art.

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Il y a un peu plus grave à mon avis qu’un détournement frauduleux d’une image pour que l’argent rentre plus facilement dans les coffres des Grands Ballets. Avez-vous lu la réaction de son directeur devant la réussite immédiate du canular? Un illettré n’aurait pas réagi avec autant de candeur, et un ministre avec autant de malhonnêteté. Ce Cavallari est un homme à la tête d’une grande institution culturelle qui prétend du même coup ne pas savoir lire et compter. Il n’avait pas vu la violence dans cette image!!! Personne dans son entourage non plus. Que d’âmes pures…

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 17:28:27

Le pauvre et honnête homme, comme dans le Tartufe de Molière. N’y voyez que de l’art, et il persévère dans la Presse et au Devoir: l’image est signifiante. Elle est pour lui pluri sémantique. Elle va chercher. Loin, creux, dans les abîmes. Pas des entrées, pas des dollars. Il est bien au-dessus de ça. Elle va chercher de la douleur au sens universel et archétypal.

118Re://T7190[Ludvik/Dervy/Spinoza/Atinos/Niko09/Vesuve/Ckriss/Prisma - Clou] post. 17-09-22 17:34;56

Il y a plus grave encore. De faire cautionner l’art porteur de polémique par une œuvre musicale qui fascine depuis presque trois siècles tous les musiciens et mélomanes. On le range à l’égal de Mozart, sa pureté cristalline a donné naissance à une littérature pour y cerner avec des mots l’émotion qui s’en dégage de tout temps.

Quand à l’autre œuvre mise au programme, la Septième de Beethoven, c’est un sommet reconnu de la joie. Incluant la nostalgie apaisante de son allegretto, encore là des pages de littérature pour en dire la jubilation. Wagner a dit en parlant de cette structure flamboyante: l’Apothéose de la danse! Écoutez cette symphonie une fois, ou passez votre vie à l’écouter chaque jour, il n’y aura qu’un financier pour vous en décortiquer l’adéquation avec une image sanguinolente et huppée comme le moteur de la Lexus. La seule naïveté qui je puisse concéder à cet homme, c’est de croire, par nécessité peut-être mais qu’importe, que la société dans son ensemble est un grand troupeau d’ignares.