Topic 7190171

DH//171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:12:50

 

© photo Archives Claudia Inis - traitement Montage Digital

 

 

AURORE de Paul Valéry

 

 

 

Voir aussi:

DH-POÉSIE

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:12:50

Première strophe

C’est la pensée au réveil qui s’exprime. Un homme effectue tant bien que mal son retour à la vie diurne après une nuit qui se sera avérée passablement mouvementée croit-on. Sa pensée va à tâtons dans ce lever du jour primitif (la rose apparence du soleil) qui lui est à la fois étranger, vu que son corps sommeille encore, et familier, car son esprit reconnaît bien là le rituel du retour en force de la vie réelle.

Il s’exerce comme l’enfant qui apprend à marcher à faire ses premiers pas dans la raison. Il s’en félicite.

Voulue la répétition des deux pas? Je crois même que c'est la clé la plus importante: on parle des pas effectués par le mouvement de déplacement, mais le second pas, on peut penser qu'il s'agit du pas de la négation, car une lecture plus approfondie de ce poème nous ramènera à l'homme libre dans sa vie intérieure mais non de ses interdits dans sa vie raisonnée.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:29:00

Deuxième strophe

Le matin avance en âge, les insectes sont déjà à l’ouvrage. Le rose du début permet l’or du soleil montant. La nature s’éclaire pour permettre la fusion de toutes les couleurs en ce jour naissant docile à la pensée qui s’étire dans le labeur vacillant et, chassant la nuit, apparaissent à nos yeux émerveillés: la floraison de toutes les couleurs, c.à.d.: le Blanc.

Cette partie du corps qui s’expose est celle du pied, qui instaure un thème assurément puisque la fin du poème insistera comme un zoom cinématographique sur le détail de ce pied.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:34:06

Troisième strophe

Prémisses. Peu importe au poète en train de se déshabituer des délices nocturnes que son jugement soit solide. Le féminin l’égare alors que son œil est encore clos. Ce sont des séquelles qui s’étirent et qui, avant de prendre la parole, font figure d’agasses provocatrices et insistantes. L’aurore se féminise et le «frémir» de la fin nous est annoncé par voiles et dorures.

À nous lecteurs et lectrices de laisser notre sensibilité définir qui sont ces fameuses «elles», personnages très importants de ce poème. Elles sont introduites dans une ambiance tortillée qui foisonne de voiles et d’écailles, et de termes volontairement anarchiques comme lorsqu’on se réveille au milieu d’un rêve et qu’on sait qu’on ne sera pas sitôt rendormie qu’il va reprendre ses droits dans l’inconscient, même si sa vie onirique est déjà chose du passé. Hélas, un rêve une fois éveillé n’est condamné à revivre que pour mieux re-mourir.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:50:02

Quatrième strophe - Quata-Strophe.

Enfonçons-nous dans l’abîme de ces «Elles» folâtrant bien que leur nuit ait rendu l’âme. Est-ce pour les retenir que le poète hausse la voix, prenant exemple sur elles, éveillées dans le sommeil? Elles: maîtresses de l’âme, sur lesquelles pèsent le soupçon de la trahison, car quand on dort, comment être conscient de ce qui se trame dans notre dos? Où étiez-vous? Que faisiez-vous? leur demande-t-il. Et elles, fin-finaudes de l’inspiration, de prendre la parole comme de vraies filles du Rhin. Ah, l’imaginaire! N’est-ce pas qu’il dit toujours à son propriétaire exactement ce qu’il veut entendre?

Pourquoi ce soupçon? Nous étions là, nous veillions, semblent-elles chantonner dans l'émoi de l'oreiller.

Mais leur perfidie parle aussi malgré elles, et ce que déposent les tisseuses de la nuit dans la tête obnubilée de l’Inquiet peut s’avérer au matin rempli de nœuds difficiles à décortiquer.

 

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:00:00

Cinquième strophe: Chœur des araignées d’or.

Ces mythologiques ouvrières racontent ce qu’elles firent pendant que la partie consciente et morte de l’homme s’offrait si vulnérable à leur guise d’affamées mielleuses. Belle poésie mais que dissimule de flottements infinis ce maelström de justifications?

Et notre poète dans sa bonté infinie ne sera même pas foutu de leur répondre, comme on le dirait à d’infâmes courailleuses: «Pourquoi ce verbiage? On dirait que vous rapportez de trop riches présents de votre voyage.»

Il préfère les croire sur parole, puisque la douleur d’avoir été délaissé de son inspiration serait trop grande.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:05:12

Sixième strophe: le dilemme.

Un homme est un homme, et ses matins voudraient bien pouvoir se passer de la triviale envie de jouir mais pour ce faire il aurait fallu que les éveilleuses de sa conscience poétique soient plus directes, plus claires, et moins emberlificoteuses.

Il sera toujours temps au locuteur de se commettre à l’inspiration et à la vaine écriture dans l’attente absolue qu’un jumeau ou une jumelle de son âme soit au rendez-vous par le biais des siècles et de l’hypothétique lecture.

En attendant, le corps a besoin de sa nourriture. Qu’est-ce qui pourrait le mieux ressembler à ma nuit que ma forêt? se demande-t-il en maudissant la pâleur ennemie de son désir.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:13:16

Septième strophe: l’éden

Douanier Rousseau de la pénétration, l’homme se rend à lui-même et tâche de substituer le «comprendre» au «prendre». Si ses inspiratrices l’ont trahi, le fruit n’est pas si défendu, mais si elles ont dit la vérité, comme ce début de journée le plonge dans sa complexité… aussi bien s’arrêter de penser, et de s’en remettre aux dédales de sa venue originelle en ce monde aléatoire (les berceaux de mes hasards)…

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:14:58

Huitième strophe: passage à l’acte

On reconnaît bien l’homme, qui ne craint rien, et qui va même au-devant de la détérioration de lui-même dans la prise de possession de son jour. C’est l’enfant qui persévère même si toutes les calamités devraient s’abattre sur lui. Jouet tantôt de ses muses, le voilà dominé par ses sirènes, ah l’horreur de l’aurore, qui n’a de douceur qu’elle ne durera, pas plus que la dureté de son éveil.

Shakespeare n’est pas loin: sang et possession!

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:18:24

Neuvième et dernière strophe

 À peine l’esprit effleurant ce monde anticipé de la raison, voici l’essor d’une fébrile manifestation sensuelle, car l’érotisme trop brutal qui voudrait poindre à l’horizon du dormeur qui s’éveille se dissimule comme des signaux qui en ont déjà trop dit hélas. Oui je suis d’accord avec Éric-Bernard, on croirait presque entendre les sirènes trompeuses de l’Odyssée. Un bassin, invisible, déverse son lexique dépourvu d’ambiguïtés: nage, sein, col, (image utérine et nous sommes tout à coup dans la blancheur d’un étant (g) mallarméen), rime de l’onde unie avec sa profondeur infinie, et éclaboussure finale: voici notre corps d’homme éveillé tout à fait, dans le réel jusqu’au moindre petit détail de son anatomie (le zoom de Samyu!) atterrie sur le sol de la réalité.

Topic 7190171

DH//171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:12:50

 

© photo Archives Claudia Inis - traitement Montage Digital

 

 

AURORE de Paul Valéry

 

 

Voir aussi:

DH-POÉSIE

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:12:50

Première strophe

C’est la pensée au réveil qui s’exprime. Un homme effectue tant bien que mal son retour à la vie diurne après une nuit qui se sera avérée passablement mouvementée croit-on. Sa pensée va à tâtons dans ce lever du jour primitif (la rose apparence du soleil) qui lui est à la fois étranger, vu que son corps sommeille encore, et familier, car son esprit reconnaît bien là le rituel du retour en force de la vie réelle.

Il s’exerce comme l’enfant qui apprend à marcher à faire ses premiers pas dans la raison. Il s’en félicite.

Voulue la répétition des deux pas? Je crois même que c'est la clé la plus importante: on parle des pas effectués par le mouvement de déplacement, mais le second pas, on peut penser qu'il s'agit du pas de la négation, car une lecture plus approfondie de ce poème nous ramènera à l'homme libre dans sa vie intérieure mais non de ses interdits dans sa vie raisonnée.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:29:00

Deuxième strophe

Le matin avance en âge, les insectes sont déjà à l’ouvrage. Le rose du début permet l’or du soleil montant. La nature s’éclaire pour permettre la fusion de toutes les couleurs en ce jour naissant docile à la pensée qui s’étire dans le labeur vacillant et, chassant la nuit, apparaissent à nos yeux émerveillés: la floraison de toutes les couleurs, c.à.d.: le Blanc.

Cette partie du corps qui s’expose est celle du pied, qui instaure un thème assurément puisque la fin du poème insistera comme un zoom cinématographique sur le détail de ce pied.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:34:06

Troisième strophe

Prémisses. Peu importe au poète en train de se déshabituer des délices nocturnes que son jugement soit solide. Le féminin l’égare alors que son œil est encore clos. Ce sont des séquelles qui s’étirent et qui, avant de prendre la parole, font figure d’agasses provocatrices et insistantes. L’aurore se féminise et le «frémir» de la fin nous est annoncé par voiles et dorures.

À nous lecteurs et lectrices de laisser notre sensibilité définir qui sont ces fameuses «elles», personnages très importants de ce poème. Elles sont introduites dans une ambiance tortillée qui foisonne de voiles et d’écailles, et de termes volontairement anarchiques comme lorsqu’on se réveille au milieu d’un rêve et qu’on sait qu’on ne sera pas sitôt rendormie qu’il va reprendre ses droits dans l’inconscient, même si sa vie onirique est déjà chose du passé. Hélas, un rêve une fois éveillé n’est condamné à revivre que pour mieux re-mourir.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:50:02

Quatrième strophe - Quata-Strophe.

Enfonçons-nous dans l’abîme de ces «Elles» folâtrant bien que leur nuit ait rendu l’âme. Est-ce pour les retenir que le poète hausse la voix, prenant exemple sur elles, éveillées dans le sommeil? Elles: maîtresses de l’âme, sur lesquelles pèsent le soupçon de la trahison, car quand on dort, comment être conscient de ce qui se trame dans notre dos? Où étiez-vous? Que faisiez-vous? leur demande-t-il. Et elles, fin-finaudes de l’inspiration, de prendre la parole comme de vraies filles du Rhin. Ah, l’imaginaire! N’est-ce pas qu’il dit toujours à son propriétaire exactement ce qu’il veut entendre?

Pourquoi ce soupçon? Nous étions là, nous veillions, semblent-elles chantonner dans l'émoi de l'oreiller.

Mais leur perfidie parle aussi malgré elles, et ce que déposent les tisseuses de la nuit dans la tête obnubilée de l’Inquiet peut s’avérer au matin rempli de nœuds difficiles à décortiquer.

 

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:00:00

Cinquième strophe: Chœur des araignées d’or.

Ces mythologiques ouvrières racontent ce qu’elles firent pendant que la partie consciente et morte de l’homme s’offrait si vulnérable à leur guise d’affamées mielleuses. Belle poésie mais que dissimule de flottements infinis ce maelström de justifications?

Et notre poète dans sa bonté infinie ne sera même pas foutu de leur répondre, comme on le dirait à d’infâmes courailleuses: «Pourquoi ce verbiage? On dirait que vous rapportez de trop riches présents de votre voyage.»

Il préfère les croire sur parole, puisque la douleur d’avoir été délaissé de son inspiration serait trop grande.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:05:12

Sixième strophe: le dilemme.

Un homme est un homme, et ses matins voudraient bien pouvoir se passer de la triviale envie de jouir mais pour ce faire il aurait fallu que les éveilleuses de sa conscience poétique soient plus directes, plus claires, et moins emberlificoteuses.

Il sera toujours temps au locuteur de se commettre à l’inspiration et à la vaine écriture dans l’attente absolue qu’un jumeau ou une jumelle de son âme soit au rendez-vous par le biais des siècles et de l’hypothétique lecture.

En attendant, le corps a besoin de sa nourriture. Qu’est-ce qui pourrait le mieux ressembler à ma nuit que ma forêt? se demande-t-il en maudissant la pâleur ennemie de son désir.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:13:16

Septième strophe: l’éden

Douanier Rousseau de la pénétration, l’homme se rend à lui-même et tâche de substituer le «comprendre» au «prendre». Si ses inspiratrices l’ont trahi, le fruit n’est pas si défendu, mais si elles ont dit la vérité, comme ce début de journée le plonge dans sa complexité… aussi bien s’arrêter de penser, et de s’en remettre aux dédales de sa venue originelle en ce monde aléatoire (les berceaux de mes hasards)…

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:14:58

Huitième strophe: passage à l’acte

On reconnaît bien l’homme, qui ne craint rien, et qui va même au-devant de la détérioration de lui-même dans la prise de possession de son jour. C’est l’enfant qui persévère même si toutes les calamités devraient s’abattre sur lui. Jouet tantôt de ses muses, le voilà dominé par ses sirènes, ah l’horreur de l’aurore, qui n’a de douceur qu’elle ne durera, pas plus que la dureté de son éveil.

Shakespeare n’est pas loin: sang et possession!

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:18:24

Neuvième et dernière strophe

 À peine l’esprit effleurant ce monde anticipé de la raison, voici l’essor d’une fébrile manifestation sensuelle, car l’érotisme trop brutal qui voudrait poindre à l’horizon du dormeur qui s’éveille se dissimule comme des signaux qui en ont déjà trop dit hélas. Oui je suis d’accord avec Éric-Bernard, on croirait presque entendre les sirènes trompeuses de l’Odyssée. Un bassin, invisible, déverse son lexique dépourvu d’ambiguïtés: nage, sein, col, (image utérine et nous sommes tout à coup dans la blancheur d’un étant (g) mallarméen), rime de l’onde unie avec sa profondeur infinie, et éclaboussure finale: voici notre corps d’homme éveillé tout à fait, dans le réel jusqu’au moindre petit détail de son anatomie (le zoom de Samyu!) atterrie sur le sol de la réalité.

Topic 7190171

DH//171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:12:50

© photo Archives Claudia Inis - traitement Montage Digital

AURORE de Paul Valéry

 

Voir aussi:

DH-POÉSIE

 

 

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:12:50

Première strophe

C’est la pensée au réveil qui s’exprime. Un homme effectue tant bien que mal son retour à la vie diurne après une nuit qui se sera avérée passablement mouvementée croit-on. Sa pensée va à tâtons dans ce lever du jour primitif (la rose apparence du soleil) qui lui est à la fois étranger, vu que son corps sommeille encore, et familier, car son esprit reconnaît bien là le rituel du retour en force de la vie réelle.

Il s’exerce comme l’enfant qui apprend à marcher à faire ses premiers pas dans la raison. Il s’en félicite.

Voulue la répétition des deux pas? Je crois même que c'est la clé la plus importante: on parle des pas effectués par le mouvement de déplacement, mais le second pas, on peut penser qu'il s'agit du pas de la négation, car une lecture plus approfondie de ce poème nous ramènera à l'homme libre dans sa vie intérieure mais non de ses interdits dans sa vie raisonnée.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:29:00

Deuxième strophe

Le matin avance en âge, les insectes sont déjà à l’ouvrage. Le rose du début permet l’or du soleil montant. La nature s’éclaire pour permettre la fusion de toutes les couleurs en ce jour naissant docile à la pensée qui s’étire dans le labeur vacillant et, chassant la nuit, apparaissent à nos yeux émerveillés: la floraison de toutes les couleurs, c.à.d.: le Blanc.

Cette partie du corps qui s’expose est celle du pied, qui instaure un thème assurément puisque la fin du poème insistera comme un zoom cinématographique sur le détail de ce pied.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:34:06

Troisième strophe

Prémisses. Peu importe au poète en train de se déshabituer des délices nocturnes que son jugement soit solide. Le féminin l’égare alors que son œil est encore clos. Ce sont des séquelles qui s’étirent et qui, avant de prendre la parole, font figure d’agasses provocatrices et insistantes. L’aurore se féminise et le «frémir» de la fin nous est annoncé par voiles et dorures.

À nous lecteurs et lectrices de laisser notre sensibilité définir qui sont ces fameuses «elles», personnages très importants de ce poème. Elles sont introduites dans une ambiance tortillée qui foisonne de voiles et d’écailles, et de termes volontairement anarchiques comme lorsqu’on se réveille au milieu d’un rêve et qu’on sait qu’on ne sera pas sitôt rendormie qu’il va reprendre ses droits dans l’inconscient, même si sa vie onirique est déjà chose du passé. Hélas, un rêve une fois éveillé n’est condamné à revivre que pour mieux re-mourir.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 17:50:02

Quatrième strophe - Quata-Strophe.

Enfonçons-nous dans l’abîme de ces «Elles» folâtrant bien que leur nuit ait rendu l’âme. Est-ce pour les retenir que le poète hausse la voix, prenant exemple sur elles, éveillées dans le sommeil? Elles: maîtresses de l’âme, sur lesquelles pèsent le soupçon de la trahison, car quand on dort, comment être conscient de ce qui se trame dans notre dos? Où étiez-vous? Que faisiez-vous? leur demande-t-il. Et elles, fin-finaudes de l’inspiration, de prendre la parole comme de vraies filles du Rhin. Ah, l’imaginaire! N’est-ce pas qu’il dit toujours à son propriétaire exactement ce qu’il veut entendre?

Pourquoi ce soupçon? Nous étions là, nous veillions, semblent-elles chantonner dans l'émoi de l'oreiller.

Mais leur perfidie parle aussi malgré elles, et ce que déposent les tisseuses de la nuit dans la tête obnubilée de l’Inquiet peut s’avérer au matin rempli de nœuds difficiles à décortiquer.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:00:00

Cinquième strophe: Chœur des araignées d’or.

Ces mythologiques ouvrières racontent ce qu’elles firent pendant que la partie consciente et morte de l’homme s’offrait si vulnérable à leur guise d’affamées mielleuses. Belle poésie mais que dissimule de flottements infinis ce maelström de justifications?

Et notre poète dans sa bonté infinie ne sera même pas foutu de leur répondre, comme on le dirait à d’infâmes courailleuses: «Pourquoi ce verbiage? On dirait que vous rapportez de trop riches présents de votre voyage.»

Il préfère les croire sur parole, puisque la douleur d’avoir été délaissé de son inspiration serait trop grande.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:05:12

Sixième strophe: le dilemme.

Un homme est un homme, et ses matins voudraient bien pouvoir se passer de la triviale envie de jouir mais pour ce faire il aurait fallu que les éveilleuses de sa conscience poétique soient plus directes, plus claires, et moins emberlificoteuses.

Il sera toujours temps au locuteur de se commettre à l’inspiration et à la vaine écriture dans l’attente absolue qu’un jumeau ou une jumelle de son âme soit au rendez-vous par le biais des siècles et de l’hypothétique lecture.

En attendant, le corps a besoin de sa nourriture. Qu’est-ce qui pourrait le mieux ressembler à ma nuit que ma forêt? se demande-t-il en maudissant la pâleur ennemie de son désir.

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:13:16

Septième strophe: l’éden

Douanier Rousseau de la pénétration, l’homme se rend à lui-même et tâche de substituer le «comprendre» au «prendre». Si ses inspiratrices l’ont trahi, le fruit n’est pas si défendu, mais si elles ont dit la vérité, comme ce début de journée le plonge dans sa complexité… aussi bien s’arrêter de penser, et de s’en remettre aux dédales de sa venue originelle en ce monde aléatoire (les berceaux de mes hasards)…

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:14:58

Huitième strophe: passage à l’acte

On reconnaît bien l’homme, qui ne craint rien, et qui va même au-devant de la détérioration de lui-même dans la prise de possession de son jour. C’est l’enfant qui persévère même si toutes les calamités devraient s’abattre sur lui. Jouet tantôt de ses muses, le voilà dominé par ses sirènes, ah l’horreur de l’aurore, qui n’a de douceur qu’elle ne durera, pas plus que la dureté de son éveil.

Shakespeare n’est pas loin: sang et possession!

171Re://T7190 [BP73/Eaun/Scorp/JulioenUd/Samyu/Icare67/Minos/MarcPl/Fianna - Aurore] post. 17-11-20 18:18:24

Neuvième et dernière strophe

 À peine l’esprit effleurant ce monde anticipé de la raison, voici l’essor d’une fébrile manifestation sensuelle, car l’érotisme trop brutal qui voudrait poindre à l’horizon du dormeur qui s’éveille se dissimule comme des signaux qui en ont déjà trop dit hélas. Oui je suis d’accord avec Éric-Bernard, on croirait presque entendre les sirènes trompeuses de l’Odyssée. Un bassin, invisible, déverse son lexique dépourvu d’ambiguïtés: nage, sein, col, (image utérine et nous sommes tout à coup dans la blancheur d’un étant (g) mallarméen), rime de l’onde unie avec sa profondeur infinie, et éclaboussure finale: voici notre corps d’homme éveillé tout à fait, dans le réel jusqu’au moindre petit détail de son anatomie (le zoom de Samyu!) atterrie sur le sol de la réalité.