Topic 7190197

DH/197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

 

 

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SAUVETEUR

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

Quand on te voit à l’œuvre, on perd la notion de proximité et de distance, en fait, on se trouve projeté comme un spectateur fasciné dans une représentation de la part de soi complètement vouée à l'autre, c'est-à-dire une forme d'oubli. Je m'explique: quelqu'un dont le métier est de sauver la vie des autres doit avoir très peu d'espace intérieur pour son propre territoire en terme de recherche du point de vue de l'égo?

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

Si je comprends bien la question, tu fais allusion à la concentration physique que requiert le métier de sauveteur. Je le vois un peu comme le dédoublement du comédien en représentation, pour reprendre le mot que tu utilises. C'est-à-dire qu'on ne se déconnecte jamais de qui on est, du soi, dans quelque profession qu'on exerce, mais c'est bien vrai que lorsque je suis à l'ouvrage, en pleine performance pourrait-on dire, je n'ai même pas droit à un minimum de décrochage. La vie de la personne en danger en dépend. Je pense que le moment du sauvetage réduit à néant toute forme de distraction mentale. Je me vois inclus corps et âme dans ma symbiose avec mon rescapé comme un prédateur doit se fondre avec sa proie s’il veut acquérir cette nourriture pour survivre. Mon métier est ma survie donc sauver un humain de la noyade est l’acte par lequel je ne peux pas me laisser aller à la distraction. En résumé, le moment où je redonne la vie à une victime en danger de mort est donc un moment qui ne me permet aucune forme d'investissement autre que ma propre survie dans la consécration à l'autre. Ainsi le Moi doit se métamorphoser en «je» avec un j minuscule.

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

Réponse qui mérite respect et analyse. Dans le vif de ton sujet le propos est foule intéressant. Question Xav: tu commences tes journées toujours très tôt le matin, pour aller prendre le relais des équipes de nuit qui surveillent les différents lieux à risque de ce quartier si particulier. Quelle est la première chose qui te vient à l'esprit quand tu te réveilles au matin? Comment vit-on au quotidien le métier de sauveur?

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

Ha ha, et bien pour commencer je vais te reprendre sur la dénomination de sauveur que tu m'attribues si gentiment! Merci de ce compliment mais je garde à l'esprit l'importance de ne pas confondre sauveur avec sauveteur - l'Un est christique et l'autre est plus proche de la réalité que je vis au quotidien. Même s'il peut paraître exact de dire que l’on naît l'un et l'autre, c'est-à-dire qu'on vient au monde sans avoir vraiment choisi de faire ça sur une base quotidienne dans la vie. Pour répondre tout simplement à ta question, je te dirais que je me réveille le matin comme le commun des mortels, le travail anticipé que je ferai dans ma journée ne prenant ni plus ni moins de place que le tien en tant qu'ingénieur: tu ne passes pas sous la douche en te répétant consciemment quel est ton métier, quelles en sont les obligations, etc. Tu prends ta douche, point. Alors pareil ici. Je n'ai pas de notes à réviser mentalement avant d'aller sauver des vies, théorie et pratique sont intégrées l'une à l'autre.

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

Il doit bien y avoir des jours où le moral n'y est pas? Est-ce qu'il t'arrive, par exemple, de commencer ta journée sur un mauvais pied et de devoir quand même t'investir à 100% dans ta tâche de sauveteur?

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

Bien sûr. Mais une fois pénétré dans le lieu de mon travail, je suis conscient que la vie de l'être en danger que je dois arracher des pinces de la mort prime sur la qualité de mes humeurs. En gros il faut le voir comme le chirurgien qui se lance dans une opération devant sauver la vie du patient atteint d’un mal cardiaque. Il doit plonger littéralement dans le cœur de sa victime sans quoi c'est l'échec, et ce peu importe la teneur des échanges qu'il a eu avec son épouse juste avant de se diriger dans le gouffre de son labeur.

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

Oui c'est clair Xav, on voit que la fréquentation de la mort en tant que phénomène d'invasion chez l'autre motivé par l'acharnement destructeur te maintient vigilant, en tout cas tu ne sembles pas quelqu'un qui perd le cap. Ouf quel métier. Moi qui fait celui de danseur, eh bien je suis apte à m'identifier au tien. Dis-moi, est-ce qu'il y a des périodes, comme plusieurs jours d'affilée par exemple, où personne ne requiert de tes services pour cause de hasard ou autre? Comment se sent-on lorsqu'on est appelé à vivre des situations héroïques au quotidien et que soudain il y a une baisse d'activité hors de notre contrôle?

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

Très bonne question. On ne vit pas toujours facilement ces périodes inoccupées, quoique en général on ne peut jamais parler de période non achalandée. La mort ne prend ni congé ni répit. Il m'arrive d'être deux ou trois jours à arpenter le territoire menacé de la vie sans que rien ne se produise, et puis d'un seul coup, au fief du farniente, il me faut procéder à plusieurs sauvetages sans avertissement préalable. Alors les jours où il ne se passe rien je tiens mon esprit accaparé par ma mission de sauveteur, je me tiens fin prêt, je pratique mes sauvetages, ce qui explique qu'on peut me voir en action d’héroïsme professionnel sans nécessairement qu'il y ait de victimes enroulées après moi.

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

Si ton parcours ne t'avait pas dirigé vers ce métier pour le moins fascinant, où crois-tu que tu te serais dirigé dans l'existence? Quand on fait le plus beau métier du monde, est-ce qu'on se pose la question à savoir dans quel autre métier j'aurais excellé si je n'avais pas été choisi pour faire celui-ci?

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:48:24

J’ai peu le loisir de me poser cette question. Allons-y donc pour une réponse à l’improviste. Mais d’abord, plus beau métier du monde? Soyons humbles, d’autres métiers sont tout aussi beaux: policiers, pompiers, intervenants de premier ordre lorsque des vies humaines sont mises à l’épreuve. Sinon j’aurais peut-être aimé devenir pilote d’avion, ou de train, voire même chauffeur de taxi. Soit tout métier qui aurait pu me mettre en position de rendre service aux autres.

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:51:15

Ou de les transporter. Tu as déjà déclaré que des douze fils d’Aamena, tu étais le moins hindou et le plus universel. Que veux-tu dire par là ? Voudrais-tu insinuer que ce serait toi, le fils mystérieux de la bande?

197Re://T7190 [Tim/Tohma/QMatt/Xav026/Ynod/PeterK  - Sauveteur] post. 17-12-20 16:53:35

Non, je n’aurais pas cette prétention. Le treizième fils d’Aamena est un secret scellé dans les replis d’une âme maternelle et complexe. J’avais simplement voulu dire que le métier de sauveteur est universel. C’est aux États-Unis qu’on trouve le plus grand nombre de stations balnéaires, et conséquemment de life guards. En plus mon métier requiert une éternelle jeunesse. C’est pourquoi les noms de sauveteurs sont toujours à saveur américaine, ou hispano-américaine. On ne peut pas lutter contre les tendances. Mon vrai nom est Bachaa, mais je l’ai changé pour Xaviero à l’âge de quatorze ans. Et tant qu’à faire, j’ai aussi changé ma date de naissance pour une plus récente. C’était l’année des grandes décisions.

 

SUITE

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Quand on te voit à l’œuvre, on perd la notion de proximité et de distance, en fait, on se trouve projeté comme un spectateur fasciné dans une représentation de la part de soi complètement vouée à l'autre, c'est-à-dire une forme d'oubli. Je m'explique: quelqu'un dont le métier est de sauver la vie des autres doit avoir très peu d'espace intérieur pour son propre territoire en terme de recherche du point de vue de l'égo?

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Si je comprends bien la question, tu fais allusion à la concentration physique que requiert le métier de sauveteur. Je le vois un peu comme le dédoublement du comédien en représentation, pour reprendre le mot que tu utilises. C'est-à-dire qu'on ne se déconnecte jamais de qui on est, du soi, dans quelque profession qu'on exerce, mais c'est bien vrai que lorsque je suis à l'ouvrage, en pleine performance pourrait-on dire, je n'ai même pas droit à un minimum de décrochage. La vie de la personne en danger en dépend. Je pense que le moment du sauvetage réduit à néant toute forme de distraction mentale. Je me vois inclus corps et âme dans ma symbiose avec mon rescapé comme un prédateur doit se fondre avec sa proie s’il veut acquérir cette nourriture pour survivre. Mon métier est ma survie donc sauver un humain de la noyade est l’acte par lequel je ne peux pas me laisser aller à la distraction. En résumé, le moment où je redonne la vie à une victime en danger de mort est donc un moment qui ne me permet aucune forme d'investissement autre que ma propre survie dans la consécration à l'autre. Ainsi le Moi doit se métamorphoser en «je» avec un j minuscule.

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Réponse qui mérite respect et analyse. Dans le vif de ton sujet le propos est foule intéressant. Question Xav: tu commences tes journées toujours très tôt le matin, pour aller prendre le relais des équipes de nuit qui surveillent les différents lieux à risque de ce quartier si particulier. Quelle est la première chose qui te vient à l'esprit quand tu te réveilles au matin? Comment vit-on au quotidien le métier de sauveur?

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Ha ha, et bien pour commencer je vais te reprendre sur la dénomination de sauveur que tu m'attribues si gentiment! Merci de ce compliment mais je garde à l'esprit l'importance de ne pas confondre sauveur avec sauveteur - l'Un est christique et l'autre est plus proche de la réalité que je vis au quotidien. Même s'il peut paraître exact de dire que l’on naît l'un et l'autre, c'est-à-dire qu'on vient au monde sans avoir vraiment choisi de faire ça sur une base quotidienne dans la vie. Pour répondre tout simplement à ta question, je te dirais que je me réveille le matin comme le commun des mortels, le travail anticipé que je ferai dans ma journée ne prenant ni plus ni moins de place que le tien en tant qu'ingénieur: tu ne passes pas sous la douche en te répétant consciemment quel est ton métier, quelles en sont les obligations, etc. Tu prends ta douche, point. Alors pareil ici. Je n'ai pas de notes à réviser mentalement avant d'aller sauver des vies, théorie et pratique sont intégrées l'une à l'autre.

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Il doit bien y avoir des jours où le moral n'y est pas? Est-ce qu'il t'arrive, par exemple, de commencer ta journée sur un mauvais pied et de devoir quand même t'investir à 100% dans ta tâche de sauveteur?

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Bien sûr. Mais une fois pénétré dans le lieu de mon travail, je suis conscient que la vie de l'être en danger que je dois arracher des pinces de la mort prime sur la qualité de mes humeurs. En gros il faut le voir comme le chirurgien qui se lance dans une opération devant sauver la vie du patient atteint d’un mal cardiaque. Il doit plonger littéralement dans le cœur de sa victime sans quoi c'est l'échec, et ce peu importe la teneur des échanges qu'il a eu avec son épouse juste avant de se diriger dans le gouffre de son labeur.

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Oui c'est clair Xav, on voit que la fréquentation de la mort en tant que phénomène d'invasion chez l'autre motivé par l'acharnement destructeur te maintient vigilant, en tout cas tu ne sembles pas quelqu'un qui perd le cap. Ouf quel métier. Moi qui fait celui de danseur, eh bien je suis apte à m'identifier au tien. Dis-moi, est-ce qu'il y a des périodes, comme plusieurs jours d'affilée par exemple, où personne ne requiert de tes services pour cause de hasard ou autre? Comment se sent-on lorsqu'on est appelé à vivre des situations héroïques au quotidien et que soudain il y a une baisse d'activité hors de notre contrôle?

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Très bonne question. On ne vit pas toujours facilement ces périodes inoccupées, quoique en général on ne peut jamais parler de période non achalandée. La mort ne prend ni congé ni répit. Il m'arrive d'être deux ou trois jours à arpenter le territoire menacé de la vie sans que rien ne se produise, et puis d'un seul coup, au fief du farniente, il me faut procéder à plusieurs sauvetages sans avertissement préalable. Alors les jours où il ne se passe rien je tiens mon esprit accaparé par ma mission de sauveteur, je me tiens fin prêt, je pratique mes sauvetages, ce qui explique qu'on peut me voir en action d’héroïsme professionnel sans nécessairement qu'il y ait de victimes enroulées après moi.

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Si ton parcours ne t'avait pas dirigé vers ce métier pour le moins fascinant, où crois-tu que tu te serais dirigé dans l'existence? Quand on fait le plus beau métier du monde, est-ce qu'on se pose la question à savoir dans quel autre métier j'aurais excellé si je n'avais pas été choisi pour faire celui-ci?

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J’ai peu le loisir de me poser cette question. Allons-y donc pour une réponse à l’improviste. Mais d’abord, plus beau métier du monde? Soyons humbles, d’autres métiers sont tout aussi beaux: policiers, pompiers, intervenants de premier ordre lorsque des vies humaines sont mises à l’épreuve. Sinon j’aurais peut-être aimé devenir pilote d’avion, ou de train, voire même chauffeur de taxi. Soit tout métier qui aurait pu me mettre en position de rendre service aux autres.

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Ou de les transporter. Tu as déjà déclaré que des douze fils d’Aamena, tu étais le moins hindou et le plus universel. Que veux-tu dire par là ? Voudrais-tu insinuer que ce serait toi, le fils mystérieux de la bande?

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Non, je n’aurais pas cette prétention. Le treizième fils d’Aamena est un secret scellé dans les replis d’une âme maternelle et complexe. J’avais simplement voulu dire que le métier de sauveteur est universel. C’est aux États-Unis qu’on trouve le plus grand nombre de stations balnéaires, et conséquemment de life guards. En plus mon métier requiert une éternelle jeunesse. C’est pourquoi les noms de sauveteurs sont toujours à saveur américaine, ou hispano-américaine. On ne peut pas lutter contre les tendances. Mon vrai nom est Bachaa, mais je l’ai changé pour Xaviero à l’âge de quatorze ans. Et tant qu’à faire, j’ai aussi changé ma date de naissance pour une plus récente. C’était l’année des grandes décisions.

 

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Quand on te voit à l’œuvre, on perd la notion de proximité et de distance, en fait, on se trouve projeté comme un spectateur fasciné dans une représentation de la part de soi complètement vouée à l'autre, c'est-à-dire une forme d'oubli. Je m'explique: quelqu'un dont le métier est de sauver la vie des autres doit avoir très peu d'espace intérieur pour son propre territoire en terme de recherche du point de vue de l'égo?

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Si je comprends bien la question, tu fais allusion à la concentration physique que requiert le métier de sauveteur. Je le vois un peu comme le dédoublement du comédien en représentation, pour reprendre le mot que tu utilises. C'est-à-dire qu'on ne se déconnecte jamais de qui on est, du soi, dans quelque profession qu'on exerce, mais c'est bien vrai que lorsque je suis à l'ouvrage, en pleine performance pourrait-on dire, je n'ai même pas droit à un minimum de décrochage. La vie de la personne en danger en dépend. Je pense que le moment du sauvetage réduit à néant toute forme de distraction mentale. Je me vois inclus corps et âme dans ma symbiose avec mon rescapé comme un prédateur doit se fondre avec sa proie s’il veut acquérir cette nourriture pour survivre. Mon métier est ma survie donc sauver un humain de la noyade est l’acte par lequel je ne peux pas me laisser aller à la distraction. En résumé, le moment où je redonne la vie à une victime en danger de mort est donc un moment qui ne me permet aucune forme d'investissement autre que ma propre survie dans la consécration à l'autre. Ainsi le Moi doit se métamorphoser en «je» avec un j minuscule.

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Réponse qui mérite respect et analyse. Dans le vif de ton sujet le propos est foule intéressant. Question Xav: tu commences tes journées toujours très tôt le matin, pour aller prendre le relais des équipes de nuit qui surveillent les différents lieux à risque de ce quartier si particulier. Quelle est la première chose qui te vient à l'esprit quand tu te réveilles au matin? Comment vit-on au quotidien le métier de sauveur?

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Ha ha, et bien pour commencer je vais te reprendre sur la dénomination de sauveur que tu m'attribues si gentiment! Merci de ce compliment mais je garde à l'esprit l'importance de ne pas confondre sauveur avec sauveteur - l'Un est christique et l'autre est plus proche de la réalité que je vis au quotidien. Même s'il peut paraître exact de dire que l’on naît l'un et l'autre, c'est-à-dire qu'on vient au monde sans avoir vraiment choisi de faire ça sur une base quotidienne dans la vie. Pour répondre tout simplement à ta question, je te dirais que je me réveille le matin comme le commun des mortels, le travail anticipé que je ferai dans ma journée ne prenant ni plus ni moins de place que le tien en tant qu'ingénieur: tu ne passes pas sous la douche en te répétant consciemment quel est ton métier, quelles en sont les obligations, etc. Tu prends ta douche, point. Alors pareil ici. Je n'ai pas de notes à réviser mentalement avant d'aller sauver des vies, théorie et pratique sont intégrées l'une à l'autre.

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Il doit bien y avoir des jours où le moral n'y est pas? Est-ce qu'il t'arrive, par exemple, de commencer ta journée sur un mauvais pied et de devoir quand même t'investir à 100% dans ta tâche de sauveteur?

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Bien sûr. Mais une fois pénétré dans le lieu de mon travail, je suis conscient que la vie de l'être en danger que je dois arracher des pinces de la mort prime sur la qualité de mes humeurs. En gros il faut le voir comme le chirurgien qui se lance dans une opération devant sauver la vie du patient atteint d’un mal cardiaque. Il doit plonger littéralement dans le cœur de sa victime sans quoi c'est l'échec, et ce peu importe la teneur des échanges qu'il a eu avec son épouse juste avant de se diriger dans le gouffre de son labeur.

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Oui c'est clair Xav, on voit que la fréquentation de la mort en tant que phénomène d'invasion chez l'autre motivé par l'acharnement destructeur te maintient vigilant, en tout cas tu ne sembles pas quelqu'un qui perd le cap. Ouf quel métier. Moi qui fait celui de danseur, eh bien je suis apte à m'identifier au tien. Dis-moi, est-ce qu'il y a des périodes, comme plusieurs jours d'affilée par exemple, où personne ne requiert de tes services pour cause de hasard ou autre? Comment se sent-on lorsqu'on est appelé à vivre des situations héroïques au quotidien et que soudain il y a une baisse d'activité hors de notre contrôle?

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Très bonne question. On ne vit pas toujours facilement ces périodes inoccupées, quoique en général on ne peut jamais parler de période non achalandée. La mort ne prend ni congé ni répit. Il m'arrive d'être deux ou trois jours à arpenter le territoire menacé de la vie sans que rien ne se produise, et puis d'un seul coup, au fief du farniente, il me faut procéder à plusieurs sauvetages sans avertissement préalable. Alors les jours où il ne se passe rien je tiens mon esprit accaparé par ma mission de sauveteur, je me tiens fin prêt, je pratique mes sauvetages, ce qui explique qu'on peut me voir en action d’héroïsme professionnel sans nécessairement qu'il y ait de victimes enroulées après moi.

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Si ton parcours ne t'avait pas dirigé vers ce métier pour le moins fascinant, où crois-tu que tu te serais dirigé dans l'existence? Quand on fait le plus beau métier du monde, est-ce qu'on se pose la question à savoir dans quel autre métier j'aurais excellé si je n'avais pas été choisi pour faire celui-ci?

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J’ai peu le loisir de me poser cette question. Allons-y donc pour une réponse à l’improviste. Mais d’abord, plus beau métier du monde? Soyons humbles, d’autres métiers sont tout aussi beaux: policiers, pompiers, intervenants de premier ordre lorsque des vies humaines sont mises à l’épreuve. Sinon j’aurais peut-être aimé devenir pilote d’avion, ou de train, voire même chauffeur de taxi. Soit tout métier qui aurait pu me mettre en position de rendre service aux autres.

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Ou de les transporter. Tu as déjà déclaré que des douze fils d’Aamena, tu étais le moins hindou et le plus universel. Que veux-tu dire par là ? Voudrais-tu insinuer que ce serait toi, le fils mystérieux de la bande?

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Non, je n’aurais pas cette prétention. Le treizième fils d’Aamena est un secret scellé dans les replis d’une âme maternelle et complexe. J’avais simplement voulu dire que le métier de sauveteur est universel. C’est aux États-Unis qu’on trouve le plus grand nombre de stations balnéaires, et conséquemment de life guards. En plus mon métier requiert une éternelle jeunesse. C’est pourquoi les noms de sauveteurs sont toujours à saveur américaine, ou hispano-américaine. On ne peut pas lutter contre les tendances. Mon vrai nom est Bachaa, mais je l’ai changé pour Xaviero à l’âge de quatorze ans. Et tant qu’à faire, j’ai aussi changé ma date de naissance pour une plus récente. C’était l’année des grandes décisions.

 

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