Topic 7190200

DH//200Re://T7190 [Bashir/Tzara/Fab90 - Ange] post. 17-12-25 13:16:49

 

 

© photo DH//Coll. Claudia Ynis - Lohengrin

ANGE

 

De l'Ange l'Eau à l'Ange Gange

 

Incessamment, la question de l’Autre est un chemin comparable à un fil d’Ariane serpentant l’immense réseau de la création littéraire à la fin du XIXe siècle, et au début du vingtième. Monic Robillard, cette inspiratrice, nous en parle abondamment dans son œuvre, établissant un pont entre les deux grands vertiges où l’écriture resplendit comme un jet svelte - qui se laisse parfois voir, avant de s’estomper, à l’image d’un avion translucide dans les nuées englobant ses points d’accostage:

 

La Vierge, et l’Ange.

 

Deux figures avec lesquelles l’écriture, menée par le poète en perpétuelle - et vaine - recherche de confort, rencontre ses incontournables écueils, noyades, comme si cela devait être la zone d’attrait marécageuse ultime pour lui permettre de rêver sa libération, avant d’être cueilli par cet Autre tant édifié par Mallarmé, dans son asile de béton immaculé dans des cimes vaporeuses, et tant désiré par Valéry, dans le bassin de ses inspirations par son propre geste noyées.

 

Cet Autre nommé Je par l’enfant Rimbaud comme une sorte de "Je sus" extirpé des limbes depuis des temps immémoriaux, et raconté via celles de l’enfer, bleu comme le raisin en sa saison (1), est le début de ce grand chemin que notre imaginaire façonné par quelque mosaïque biblique nous présente comme étant raboteux quand il mène aux nombreux versets de la blancheur du ciel, et de source aisée quand le paresseux l’emprunte en se dirigeant vers les forces où il va se négliger, puis se damner.

 

Le Désir de la Vierge (2) et Sous la Plume de l’Ange (3), forment un diptyque où se consigne l’intarissable légende - par légende il faut entendre fiction, mais aussi biographies et autobiographies en un seul genre réunies, roman ou théâtre de la vie contenue dans sa seule possibilité de survie: le Rêve - celui du créateur à la recherche de son Autre.

 

Cet Autre, qui prendra tout compte fait, en amont comme en aval, le corps désiré de l’impossible être aimé, existe d’abord, et sans doute exclusivement, par l’Œil sous l’empire duquel le poète exerce sa tyrannique lancée depuis sa naissance sous l’apparente chaleur d’une mère qui lui aurait apporté

        le soleil, mais aussi le froid (4) -  les deux se ressentant aussi violemment que l’un aurait promis ce que l’autre enlèverait:

  Un enfant élevé dans la peur nerveuse de Tout, écrira Paul Valéry en parlant de lui-même.

Paul Valéry

Un si gentil monsieur qui n’avait pas selon lui reçu assez de gentillesse de ses pairs, et par l’absence de gentillesse de qui il se mit à aimer l’image de quelqu’un, poète immense ou simple passante, qu’il aimait parce qu’il ne s’aimait pas lui-même, cultivant son secret comme un noyau si bien arrosé que ce secret se mit à fleurir la gentillesse d’un ange reconnaissant l’attirance de la face cachée de cet ange pouvant enfin le regarder en toute nudité ayant aboli l’exécrable inspiration telle qu’édifiée dans les étouffoirs mondains qui le noyaient moins bien que son ange l’Eau engloutissant toute gentillesse sous la flamme primitive d’une meurtrière aurore.

Dans le topic 199 intitulé Don Juan, et conçu en préparation de celui-ci qui allait se pencher sur une lecture de l’immense chapitre Valéry et l’Ange Don Juan qui clôt le livre Sous la Plume de l’Ange de Monic Robillard, nous avons un peu laissé les esprits déraper sur une question d’actualité qui l’a emporté sur la réflexion espérée à propos du personnage du Séducteur. Mais - miracle à la toute fin! - une intervention de Fab:

Comme la première ivresse associée à un souvenir antérieur à sa mémoire par un enfant si éloigné en apparence de l’ivrogne qu’il est appelé à devenir, la douceur procurée par l’élan créateur n’a que faire d’un état de bonheur tel que reconnu, voire même dicté, par la rumeur publique. Comme Valéry, je reste aussi quelqu’un qui, «mis en présence de gens réels dans (ma) vie», sombre dans un vrai découragement.

L’amour propre et soigné que procure l’amant, sans égard au fait qu’il soit le plus apte à être créé ou détruit parce qu’il est celui qui est le mieux ou le moins bien aimé, est le premier pas, certes hésitant, mais d’un augure absolu, vers la conquête de celui qui existe forcément, et qui m’apportera l’amour vrai et global dans un avenir si doux que je me fiche du présent et de l’absence d’illusion que sa réalité me présente en ne la créant pas.

L'Ange Gange

 

Pour dissoudre dans son Déchet Sacré celui qui, comme l’Inconsolé de Nerval, ne s’amuse jamais, qui ne jouit de rien:

 

"J’aimais de cacher ce que j’aimais. Il m’était bon d’avoir un secret" (5).

Baghirat, ce fils sacrifié d'Aamena, idolâtrait ses frères, lesquels ne l'aimaient que d'un amour tendre de leur point de vue à eux. Alors Baghirat laissa courir la rumeur dans le cercle littéraire de Varanasi qu’il partait à la recherche de Centaurex, (parent de la Dame à la Licorne?), isolé comme une roche dans une carrière d’Amérique du Nord où des architectes et des ingénieurs avaient été élus par le Tal-Projet et autres ambassadeurs de l'Inde pour reconstituer

☼  le Quartier d’Aamena dépourvu de sa misère

☼  le Banquet d'Aamena et de sa mère Tawana sans les imprécations de cette dernière

☼ les eaux sacrées du Gange reconstitué sans la puanteur des déchets et des cadavres qui stagnent parmi les fidèles en prière

☼ et leur Prière.

 

Haut Risque,

eau risque…

…  de n’y jamais trouver, comme eux tous avant moi, qu'un moi évanoui en non-moi (6) .

1. Claudel, Le Père humilié, acte I.

2. Monic Robillard, Le Désir de la Vierge, Hérodiade chez Mallarmé, Droz, Histoire des idées et critique littéraire, Vol. 322, Genève, 1993, 296 p.

3. Monic Robillard, Sous la plume de l’Ange, De Balzac à Valéry, Droz, Histoire des idées et critique littéraire, Genève, Vol. 363, Genève, 1997, 256 p.

4. «Un don d’amour n’a pas été rendu et le manque de retour aura refoulé toute expression au point d’inverser le don en un poison mortel», Monic Robillard, Sous la Plume de l’Ange, pp. 153-154.

5. Paul Valéry, Œuvres, t.1, Bibliothèque de la Pléiade, p. 1486, cité par Monic Robillard.

6. Monic Robillard, Sous la Plume de l’Ange, p. 148.

 

 

Texte rédigé et propos recueillis par Claudia Ynis

dh-forum//Tzara

 

 

Voir aussi:

DH-POÉSIE

 

Topic 7190200

DH//200Re://T7190 [Bashir/Tzara/Fab90 - Ange] post. 17-12-25 13:16:49

 

 

© photo DH//Coll. Claudia Ynis - Lohengrin

ANGE

 

De l'Ange l'Eau à l'Ange Gange

 

Incessamment, la question de l’Autre est un chemin comparable à un fil d’Ariane serpentant l’immense réseau de la création littéraire à la fin du XIXe siècle, et au début du vingtième. Monic Robillard, cette inspiratrice, nous en parle abondamment dans son œuvre, établissant un pont entre les deux grands vertiges où l’écriture resplendit comme un jet svelte - qui se laisse parfois voir, avant de s’estomper, à l’image d’un avion translucide dans les nuées englobant ses points d’accostage:

 

La Vierge, et l’Ange.

 

Deux figures avec lesquelles l’écriture, menée par le poète en perpétuelle - et vaine - recherche de confort, rencontre ses incontournables écueils, noyades, comme si cela devait être la zone d’attrait marécageuse ultime pour lui permettre de rêver sa libération, avant d’être cueilli par cet Autre tant édifié par Mallarmé, dans son asile de béton immaculé dans des cimes vaporeuses, et tant désiré par Valéry, dans le bassin de ses inspirations par son propre geste noyées.

 

Cet Autre nommé Je par l’enfant Rimbaud comme une sorte de "Je sus" extirpé des limbes depuis des temps immémoriaux, et raconté via celles de l’enfer, bleu comme le raisin en sa saison (1), est le début de ce grand chemin que notre imaginaire façonné par quelque mosaïque biblique nous présente comme étant raboteux quand il mène aux nombreux versets de la blancheur du ciel, et de source aisée quand le paresseux l’emprunte en se dirigeant vers les forces où il va se négliger, puis se damner.

 

Le Désir de la Vierge (2) et Sous la Plume de l’Ange (3), forment un diptyque où se consigne l’intarissable légende - par légende il faut entendre fiction, mais aussi biographies et autobiographies en un seul genre réunies, roman ou théâtre de la vie contenue dans sa seule possibilité de survie: le Rêve - celui du créateur à la recherche de son Autre.

 

Cet Autre, qui prendra tout compte fait, en amont comme en aval, le corps désiré de l’impossible être aimé, existe d’abord, et sans doute exclusivement, par l’Œil sous l’empire duquel le poète exerce sa tyrannique lancée depuis sa naissance sous l’apparente chaleur d’une mère qui lui aurait apporté

        le soleil, mais aussi le froid (4) -  les deux se ressentant aussi violemment que l’un aurait promis ce que l’autre enlèverait:

  Un enfant élevé dans la peur nerveuse de Tout, écrira Paul Valéry en parlant de lui-même.

Paul Valéry

Un si gentil monsieur qui n’avait pas selon lui reçu assez de gentillesse de ses pairs, et par l’absence de gentillesse de qui il se mit à aimer l’image de quelqu’un, poète immense ou simple passante, qu’il aimait parce qu’il ne s’aimait pas lui-même, cultivant son secret comme un noyau si bien arrosé que ce secret se mit à fleurir la gentillesse d’un ange reconnaissant l’attirance de la face cachée de cet ange pouvant enfin le regarder en toute nudité ayant aboli l’exécrable inspiration telle qu’édifiée dans les étouffoirs mondains qui le noyaient moins bien que son ange l’Eau engloutissant toute gentillesse sous la flamme primitive d’une meurtrière aurore.

Dans le topic 199 intitulé Don Juan, et conçu en préparation de celui-ci qui allait se pencher sur une lecture de l’immense chapitre Valéry et l’Ange Don Juan qui clôt le livre Sous la Plume de l’Ange de Monic Robillard, nous avons un peu laissé les esprits déraper sur une question d’actualité qui l’a emporté sur la réflexion espérée à propos du personnage du Séducteur. Mais - miracle à la toute fin! - une intervention de Fab:

Comme la première ivresse associée à un souvenir antérieur à sa mémoire par un enfant si éloigné en apparence de l’ivrogne qu’il est appelé à devenir, la douceur procurée par l’élan créateur n’a que faire d’un état de bonheur tel que reconnu, voire même dicté, par la rumeur publique. Comme Valéry, je reste aussi quelqu’un qui, «mis en présence de gens réels dans (ma) vie», sombre dans un vrai découragement.

L’amour propre et soigné que procure l’amant, sans égard au fait qu’il soit le plus apte à être créé ou détruit parce qu’il est celui qui est le mieux ou le moins bien aimé, est le premier pas, certes hésitant, mais d’un augure absolu, vers la conquête de celui qui existe forcément, et qui m’apportera l’amour vrai et global dans un avenir si doux que je me fiche du présent et de l’absence d’illusion que sa réalité me présente en ne la créant pas.

L'Ange Gange

 

Pour dissoudre dans son Déchet Sacré celui qui, comme l’Inconsolé de Nerval, ne s’amuse jamais, qui ne jouit de rien:

 

"J’aimais de cacher ce que j’aimais. Il m’était bon d’avoir un secret" (5).

Baghirat, ce fils sacrifié d'Aamena, idolâtrait ses frères, lesquels ne l'aimaient que d'un amour tendre de leur point de vue à eux. Alors Baghirat laissa courir la rumeur dans le cercle littéraire de Varanasi qu’il partait à la recherche de Centaurex, (parent de la Dame à la Licorne?), isolé comme une roche dans une carrière d’Amérique du Nord où des architectes et des ingénieurs avaient été élus par le Tal-Projet et autres ambassadeurs de l'Inde pour reconstituer

☼  le Quartier d’Aamena dépourvu de sa misère

☼  le Banquet d'Aamena et de sa mère Tawana sans les imprécations de cette dernière sans les imprécations de cette dernière

☼ les eaux sacrées du Gange reconstitué sans la puanteur des déchets et des cadavres qui stagnent parmi les fidèles en prière

☼ et leur Prière.

 

Haut Risque,

eau risque…

…  de n’y jamais trouver, comme eux tous avant moi, qu'un moi évanoui en non-moi (6) .

1. Claudel, Le Père humilié, acte I.

2. Monic Robillard, Le Désir de la Vierge, Hérodiade chez Mallarmé, Droz, Histoire des idées et critique littéraire, Vol. 322, Genève, 1993, 296 p.

3. Monic Robillard, Sous la plume de l’Ange, De Balzac à Valéry, Droz, Histoire des idées et critique littéraire, Genève, Vol. 363, Genève, 1997, 256 p.

4. «Un don d’amour n’a pas été rendu et le manque de retour aura refoulé toute expression au point d’inverser le don en un poison mortel», Monic Robillard, Sous la Plume de l’Ange, pp. 153-154.

5. Paul Valéry, Œuvres, t.1, Bibliothèque de la Pléiade, p. 1486, cité par Monic Robillard.

6. Monic Robillard, Sous la Plume de l’Ange, p. 148.

 

 

Texte rédigé et propos recueillis par Claudia Ynis

dh-forum//Tzara

 

Voir aussi:

DH-POÉSIE

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DH//200Re://T7190 [Bashir/Tzara/Fab90 - Ange] post. 17-12-25 13:16:49

 

 

© photo DH//Coll. Claudia Ynis - Lohengrin

ANGE

 

De l'Ange l'Eau à l'Ange Gange

 

Incessamment, la question de l’Autre est un chemin comparable à un fil d’Ariane serpentant l’immense réseau de la création littéraire à la fin du XIXe siècle, et au début du vingtième. Monic Robillard, cette inspiratrice, nous en parle abondamment dans son œuvre, établissant un pont entre les deux grands vertiges où l’écriture resplendit comme un jet svelte - qui se laisse parfois voir, avant de s’estomper, à l’image d’un avion translucide dans les nuées englobant ses points d’accostage:

 

La Vierge, et l’Ange.

 

Deux figures avec lesquelles l’écriture, menée par le poète en perpétuelle - et vaine - recherche de confort, rencontre ses incontournables écueils, noyades, comme si cela devait être la zone d’attrait marécageuse ultime pour lui permettre de rêver sa libération, avant d’être cueilli par cet Autre tant édifié par Mallarmé, dans son asile de béton immaculé dans des cimes vaporeuses, et tant désiré par Valéry, dans le bassin de ses inspirations par son propre geste noyées.

 

Cet Autre nommé Je par l’enfant Rimbaud comme une sorte de "Je sus" extirpé des limbes depuis des temps immémoriaux, et raconté via celles de l’enfer, bleu comme le raisin en sa saison (1), est le début de ce grand chemin que notre imaginaire façonné par quelque mosaïque biblique nous présente comme étant raboteux quand il mène aux nombreux versets de la blancheur du ciel, et de source aisée quand le paresseux l’emprunte en se dirigeant vers les forces où il va se négliger, puis se damner.

 

Le Désir de la Vierge (2) et Sous la Plume de l’Ange (3), forment un diptyque où se consigne l’intarissable légende - par légende il faut entendre fiction, mais aussi biographies et autobiographies en un seul genre réunies, roman ou théâtre de la vie contenue dans sa seule possibilité de survie: le Rêve - celui du créateur à la recherche de son Autre.

 

Cet Autre, qui prendra tout compte fait, en amont comme en aval, le corps désiré de l’impossible être aimé, existe d’abord, et sans doute exclusivement, par l’Œil sous l’empire duquel le poète exerce sa tyrannique lancée depuis sa naissance sous l’apparente chaleur d’une mère qui lui aurait apporté

        le soleil, mais aussi le froid (4) -  les deux se ressentant aussi violemment que l’un aurait promis ce que l’autre enlèverait:

  Un enfant élevé dans la peur nerveuse de Tout, écrira Paul Valéry en parlant de lui-même.

Paul Valéry

Un si gentil monsieur qui n’avait pas selon lui reçu assez de gentillesse de ses pairs, et par l’absence de gentillesse de qui il se mit à aimer l’image de quelqu’un, poète immense ou simple passante, qu’il aimait parce qu’il ne s’aimait pas lui-même, cultivant son secret comme un noyau si bien arrosé que ce secret se mit à fleurir la gentillesse d’un ange reconnaissant l’attirance de la face cachée de cet ange pouvant enfin le regarder en toute nudité ayant aboli l’exécrable inspiration telle qu’édifiée dans les étouffoirs mondains qui le noyaient moins bien que son ange l’Eau engloutissant toute gentillesse sous la flamme primitive d’une meurtrière aurore.

Dans le topic 199 intitulé Don Juan, et conçu en préparation de celui-ci qui allait se pencher sur une lecture de l’immense chapitre Valéry et l’Ange Don Juan qui clôt le livre Sous la Plume de l’Ange de Monic Robillard, nous avons un peu laissé les esprits déraper sur une question d’actualité qui l’a emporté sur la réflexion espérée à propos du personnage du Séducteur. Mais - miracle à la toute fin! - une intervention de Fab:

Comme la première ivresse associée à un souvenir antérieur à sa mémoire par un enfant si éloigné en apparence de l’ivrogne qu’il est appelé à devenir, la douceur procurée par l’élan créateur n’a que faire d’un état de bonheur tel que reconnu, voire même dicté, par la rumeur publique. Comme Valéry, je reste aussi quelqu’un qui, «mis en présence de gens réels dans (ma) vie», sombre dans un vrai découragement.

L’amour propre et soigné que procure l’amant, sans égard au fait qu’il soit le plus apte à être créé ou détruit parce qu’il est celui qui est le mieux ou le moins bien aimé, est le premier pas, certes hésitant, mais d’un augure absolu, vers la conquête de celui qui existe forcément, et qui m’apportera l’amour vrai et global dans un avenir si doux que je me fiche du présent et de l’absence d’illusion que sa réalité me présente en ne la créant pas.

L'Ange Gange

 

Pour dissoudre dans son Déchet Sacré celui qui, comme l’Inconsolé de Nerval, ne s’amuse jamais, qui ne jouit de rien:

 

"J’aimais de cacher ce que j’aimais. Il m’était bon d’avoir un secret" (5).

Baghirat, ce fils sacrifié d'Aamena, idolâtrait ses frères, lesquels ne l'aimaient que d'un amour tendre de leur point de vue à eux. Alors Baghirat laissa courir la rumeur dans le cercle littéraire de Varanasi qu’il partait à la recherche de Centaurex, (parent de la Dame à la Licorne?), isolé comme une roche dans une carrière d’Amérique du Nord où des architectes et des ingénieurs avaient été élus par le Tal-Projet et autres ambassadeurs de l'Inde pour reconstituer

☼  le Quartier d’Aamena dépourvu de sa misère

☼  le Banquet d'Aamena et de sa mère Tawana sans les imprécations de cette dernière

☼ les eaux sacrées du Gange reconstitué sans la puanteur des déchets et des cadavres qui stagnent parmi les fidèles en prière

☼ et leur Prière.

 

Haut Risque,

eau risque…

…  de n’y jamais trouver, comme eux tous avant moi, qu'un moi évanoui en non-moi (6) .

1. Claudel, Le Père humilié, acte I.

2. Monic Robillard, Le Désir de la Vierge, Hérodiade chez Mallarmé, Droz, Histoire des idées et critique littéraire, Vol. 322, Genève, 1993, 296 p.

3. Monic Robillard, Sous la plume de l’Ange, De Balzac à Valéry, Droz, Histoire des idées et critique littéraire, Genève, Vol. 363, Genève, 1997, 256 p.

4. «Un don d’amour n’a pas été rendu et le manque de retour aura refoulé toute expression au point d’inverser le don en un poison mortel», Monic Robillard, Sous la Plume de l’Ange, pp. 153-154.

5. Paul Valéry, Œuvres, t.1, Bibliothèque de la Pléiade, p. 1486, cité par Monic Robillard.

6. Monic Robillard, Sous la Plume de l’Ange, p. 148.

 

 

Texte rédigé et propos recueillis par Claudia Ynis

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Voir aussi:

DH-POÉSIE